français. Dolby Digital 5.1 . Sous-titrage 1. français . anglais . Format image. 16:9 compatible 4/3 format d'origine respecté 1.85 . Qualité. Pal . Durée (mn) 113 . couleur/noir blanc. couleur . Stéréo / Mono. stéréo . Edition. Standard . SKU. 1346416 . EAN. 3512391302481 . Contenu. Contenu : Le Film : American history X - Les bandes-annonces d'American history X
ï»żExposĂ© du 29 septembre 2010, par Mr Moreau-Hamel. Le film Ă©tudiĂ© prĂ©sente des idĂ©ologies trĂšs Ă©quivoques. Certaines scenes sont choquantes tant sur les propos que sur les actes⊠Il est de notoriĂ©tĂ© commune de dire que lâamour dâautrui vaut mieux que la haine de son prochain. Mais depuis des temps innombrables, on peut voir le Monde entier se dĂ©chirer pour des questions de races, de religions, de couleurs de peaux ou dâidĂ©es politiques et morales. Peut-on aujourdâhui donner un seul exemple de societe civilisĂ©e qui a reussi a vivre depuis sa creation sans une once de ce quâon appelle le racisme ou encore segregation ? Les differences entre les Hommes sont lâoccasion de donner libre court a ces dĂ©rives idĂ©ologique. Le film American history X traite de ce sujet. Segregation anti-noire, antisionisme, antisĂ©mitisme, la question est de savoir comment se positionnent ces idĂ©ologies dans la morale kantienne. Pourquoi considerer quâil existe des races inferieurs ? Comment sâarticule lâedification dâune doctrine raciale a un point de vue philosophique ? Dans une premiere partie, nous verrons en quoi la haine de lâetranger pose un probleme moral religieux et social. Nous verrons ensuite en quoi lâendoctrinement de masse joue un rĂŽle clĂ© dans une idĂ©ologie tel que celle du DOC. Puis nous verrons enfin quelle place prend la mise en place de la loi du plus fort. I/ la haine de lâetranger, un problĂšme moral. De tout temps, la non-acceptation de l'autre a existĂ© ; on peut mĂȘme parler Ă cet Ă©gard de constante du comportement humain, liĂ©e Ă l'Ă©goĂŻsme et Ă l'Ă©troitesse d'esprit, qui peut mĂȘme se manifester au sein d'une famille. C'est pourquoi toutes les morales du monde ont encouragĂ© la tolĂ©rance, et une plus grande comprĂ©hension de l'autre. » a/ En vĂ©ritĂ© je vous le dit » Je deteste tous ceux qui ne sont pas Blancs et protestants » Ainsi sâexprime Danny alors quâon lui demande en quoi il croit. La doctrine neo-nazi presente des points commun a toute doctrine raciale. On note ici lâintolerance frappante qui se trouve dans cette phrase. Dans son intention de prise de conscience generale, American History X nâhesite pas a user des mots explicites et a tenter de lĂ©gitimer la xĂ©nophobie dans un but de dĂ©nonciation. Certain considere le racisme comme justifie par la Bible, GenĂšse 9 ;27 Dilatet Deus Iapheth, et habitet in tabernaculis Sem, sitque Chanaan servus eius. » La religion prend alors une part importante dans la mise en place de lâidĂ©ologie, car on use de lâimmanence de Dieu pour justifier la haine raciale. Comment alors considerer un acte tel que cela en parallĂšle dâune doctrine religieuse qui prĂŽne lâamour de son prochain ? Relativement a ce que dit la Bible, une forme de suivit strict du dogme va se mettre en place afin de pouvoir agir en totale adequation avec la doctrine et les idĂ©es de lâeglise. Dans American History X le cote religieux de lâidĂ©ologie nâest pas le plus represente mais elle reste neamoins omnipresente de part le nom meme du mouvement the disciple of Christ » ndlr DOC. De plus si les adeptes du mouvement suivent les prĂ©ceptes bibliques, il nâempeche pas moins que toute une reflexion politique se met en place quâon la partage ou nonâŠ. Ainsi, on peut entendre de la part de certains membre des phrases pleines de sens ou le vĂ©cu se fait sentir. Lors de lâinterview de Dereck sur la mort de son pĂšre, il expliquera Bien sĂ»r que c'est d'origine raciste ! Tous les problĂšmes de ce pays sont d'origines racistes ! Et pas seulement les meurtres. L'immigration, le Sida, les dĂ©penses sociales sont les problĂšmes de... de la communautĂ© noire, de la communautĂ© Hispanique, de la communautĂ© Asiatique ! C'est pas un problĂšme blanc. ». LE cotĂ© religieux semble finalement nâetre quâune partie de lâiceberg car entre alors en compte un probleme de morale sociale et plus seulement de morale religieuse . b/ la moralisation de Sweeney Le professeur Sweeney represente la voix de la sagesse. On le voit a de nombreuse reprise jouer le role de moralisateur aupres de Danny ou de Dereck. Pourtant la morale du professeur dâhistoire ressemble dâavantage a une morale base sur des idĂ©es empirique et non fondĂ©e sur une veritable reflection. En effet on entend de sa bouche le basique discours moralisateur sur le racisme. Il semble apparaitre cependant que ce discours parraisant simpliste a une grande importance dans le film. Sweeney represente le but a atteindre Il y a une Ă©poque oĂč j'en voulais Ă la terre entiĂšre, ou j'avais la haine, pour toutes les misĂšres, les vexations, les souffrances que j'endurais continuellement, que je voyais... infligĂ©e Ă mon peuple. J'en voulais Ă tout le monde j'en voulais aux blancs, j'en voulais Ă la sociĂ©tĂ©, j'en voulais Ă Dieu ! Mais j'avais aucune rĂ©ponse parce que je posais les mauvaises questions. » On peut se demander ce que represente la morale dans une telle situation. Alors que Dereck et Danny se trouve pris dans un cercle vicieux, la morale leur apparait comme un discours pleins dâignominies quâils ne sont pas capable dâentendre. Mais a force dâacharnement Sweeney parviendra a sauver Dereck. La morale sociale nous apparait comme la clĂ© du film. En effet lors de son repentir, on peut voir Dereck revenir sur ses a priori et sur ces idĂ©es fondĂ©es en repensant a ce que lui a dit Sweeney. Peut-on rapproche la morale de sweeney a la morale kantienne ? En realite Emmanuel Kant sâest exprime sur le racisme et plus spĂ©cifiquement sur lâantisĂ©mitisme. En disant En 1715, dans son MĂ©moire sur les diffĂ©rentes races humaines je pense que le mĂ©lange des races provoque la diminution graduelle des qualitĂ©s de l'espĂšce humaine. » Il attaque Ă©galement le nĂ©faste esprit judaĂŻque ». Ainsi on peut distinguer dans la philosophie deux sortes de racisme distinctes. Le premier serait le racisme traditionel qui justifie la domination des races inferieures par les races superireures au nom de lâinteret de tous a etre gouvernĂ©s par les etres les plus eclairĂ©s. Et les racisme differentialiste qui prĂŽne quant a lui la difference entre les races et qui est base sur la peur du melange et de lâindiffĂ©renciation. Ainsi les nazis nâont pas souhaitez dominer les juifs, les homosexuels et les handicapĂ©s. Necessairement , suivant leur idĂ©ologie ils devaient les exterminer. Dereck agit exactement de la meme maniĂšre lorsque sa voiture se fait braquer un soir. Voyant que ce sont des noires qui agissent ainsi il ne saisit pas la possiblite dâappeler la police pour agir et est suivant son idĂ©ologie, dans lâobligation de les exterminer. Kant voit dans le racisme un cote transcendental qui legitime les actes et les paroles a lâegard de ce quâil appelle les races inferieurs. Dans American history X il est clairement montre que les deux types de racisme classifie par Kant sont present. Ainsi quand Seth explique a Danny comment il faut voir les races considerĂ©es comme inferieures, il sâexprime en ces termes Nan y'a pas un de ces enfoirĂ©s qui est bien Danny tu piges ? C'est rien que de la vermine tout ça. Souviens toi de ce que Cameron dit "On veut pas les connaĂźtre mais on sait que l'ennemi c'est ces fils de putes." » Ici est parfaitement montrĂ© la volontĂ© de ne pas connaitre ces personnes mais simplement de les dominer sans comprendre qui ils sont . On peut se rendre compte dans le film que les disciples du christ veulent asseoir leur superiorite de craintes de voir les communautĂ©s Ă©trangĂšres prendre leur place. c/ le repentir face a lâopiniĂątretĂ© Je pense que le moment est venu de vous dire ce que j'ai appris, d'en tirer une conclusion nan ? HĂ© bien ma conclusion c'est que la haine est une saloperie, la vie est trop courte pour passer son temps Ă avoir la haine. Derek dit toujours que c'est bien de terminer un devoir par une citation. Il dit que quelqu'un a dĂ©jĂ dĂ» en faire une bonne alors, si on ne peut pas faire mieux, autant la lui emprunter carrĂ©ment. J'ai choisis celle lĂ , et j'espĂšre qu'elle vous plaira Nous ne sommes pas ennemis, mais amis. Nous ne devons pas ĂȘtre ennemis, mĂȘme si la passion nous dĂ©chire, elle ne doit pas briser l'affection qui nous lie. Les cordes sensibles de la mĂ©moire vibreront dĂšs qu'on les touchera, elles rĂ©sonneront au contact de ce qu'il y'a de meilleur en nous. » Câest en ces termes que Danny fini le devoir demander par Sweeney. On peut clairement voir le retournement de situation dans lâideologie de Danny. En effet au depart totalement ferme dâesprit, Danny semble suivre les traces de son fere en sâetant repentit de sa haine envers les races inferieurs. On comprend alors le role de la morale sociale dans le repentir du jeune skin head. Comment la morale peut jouer sur nos sentiments au point dâen changer la nature meme qui semblait etre lâessence de Danny ? Dans sa reflexion sur la theorie et lâexperience, le philosophe Bachelard expliquait que pour trouver la reponse a une question ou a une problematique il fallait se separer de tout ce qui pouvait sâapparenter a une idĂ©e recu, car le resultat serait alors un resultat induit par la pensĂ©e commune et non par lâexperience personnelle suiviant une reflexion poussĂ©e sur un sujet donner. Le repentir de Dereck semble suivre cette facon de procede car alors quâil en prison on le voit au fur et a mesure que le temps passe, se rendre compte de ce quâil est vraiment et ainsi se rapprocher de la communaute afro-amĂ©ricaine. Alors quâil sort on le voit metamorphose et donnant des lecons de vie a son jeune frere Danny en lui expliquant ce qui lui est arrive en prison, le degout quâil a commence a eprouver pour cette ideologie dĂ©bordante de haine. Cependant malgre le fait que Danny se repentisse egalement, on peut considerer que la facon dont il le fait nâai pas necessairement la bonne dans la mesure ou il suit ce que lui a dit son frere et non sa propre experience ou sa propre volonte de changer. II/ Cameron ou lâendoctrinement de masse. a/ La GenĂšse dâune idĂ©ologie La fondement meme dâune idĂ©ologie se trouve dans lâendoctrinement de la masse, dans la mise en place dâune pensĂ©e commune a tous qui ne souffrira dâaucun vice, dâaucune faille. » Ainsi sâexprimait Adolphe Hitler, plus grand dictateur et plus grand dirigeant de masse que la Terre est jamais connu alors quâil expliquait lâimportance du mouvement de masse dans la doctrine nationale socialiste. Dans American History X, le personnage de Cameron joue le rĂŽle dâendoctrineur charismatique semblable a la figure du patriarche si souvent importante lorsquâil sâagit de passation dâidĂ©e. On se rend rapidement compte du rĂŽle que joueun tel personnage dans lâedification dâune idĂ©ologie si fragile que celle du nazisme portĂ©e sur la xĂ©nophobie. Alors que Dereck exprime sa facon de penser a de nombreux moments du film, on croit entendre la parole meme de Cameron dans sa bouche. Au moment ou Vignard Dereck parle avec la bande skins head avant de mettre le magasin a sac, on le voit dans une voiture avec cameron qui lui explique combien il est important pour lui quâil serve de relai entre lui et les nouveaux engagĂ©s. Pour Heiddeger, la figure du patriarche idĂ©ologique est surement une des plus importantes pour la mise en place dâune doctrine quel quelle soi dans la mesure ou chacun va se retrouver dans cette figure charismatique et ainsi se trouver renforcer dans ses idees puisque une personne au caractĂšre fort va sous ce nom rallier tout un peuple a son niveau. Hitler, Staline, Mao sont trois exemples de fortes figures idĂ©ologiques. Apres reflexion, on ne peut pas imaginer leurs parti voir le jour sans eux, car ils seront la cle de voute du parti, le ciment qui va lie chaque membre a cette idĂ©ologie sans faille que presentais Hitler. La question est de savoir pourquoi les memebres dâun parti ont besoin de cette figure quasiment transcendentale au sens kantien du terme. Alors quâil est en prison, Dereck perd ses reperes. Se retrouvant seul face a tous, il essaye de se rallier a un groupuscule neo nazi au sein meme de la prison mais se rend vite compte que les membres de ce groupes ne sont pas vraiment ce a quoi il sâattendait. Loin de Cameron et de ses preceptes, dereck va voir sa foi en la superiorite de la race blanche se desagreger au fur et a mesure puisque il ne pourra plus voir combien lâidĂ©ologie en laquelle il croit rassemble du monde. Il se rendra compte que toute sa doctrine Ă©tait basĂ© sur la figure meme de Cameron. Ainsi le patriarche idĂ©ologique semble etre une notion primmordiale dans lâedefication dâune doctrine. Mais pas seulement car on peut voir que le nombre et le sentiments de puissance liĂ© a ce nombre de membre croyant en une meme idĂ©ologie est egalement important. b/ La puissance du nombre Si tu crois que câĂ©tais dĂ©jĂ genial avant attend de voir ce que câest devenu maintenant. On est carrement mieux organise, câest presque une petite armĂ©e quâon a avec nous. » Câest en ces termes que stesi la copine de Dereck lui explique ou en sont les disciples du Christ lorsquâil sort de prison. Et câest egalement en ces termes que le spectateur se rend compte de lâimportance du nombre dans une telle situation doctrinale. Personne ne se battrait pour une cause si il Ă©tait seul, personne nâaurait le courage dâaffirme une chose telle que ce quâaffirme les disciple si il Ă©tait seul contre tous. La vision que cameron stesi et Seth on du DOC ressemble a toute les visions des mouvements de masse. De Hitler a Martin Luther King en passant par le Ku Kux Klan, absolument tous on chercher a joindre a leur cause un nombre toujours plus grand dâadeptes en y parvenant ou pas dâailleurs. Mais chacun avait compris lâimportance et le pouvoir quâapportait le mouvement de masse. Ce mouvement qui fait echo toujours plus loin. Dans American History X lâaugmentation du nombre est parfaitement montrĂ©e. Avant de partir en prison, Dereck alors main droite de Cameron, partait faire une ce quâon pourrait rapproche a une rattonade avec une poignĂ©e seulement de militants. A sa sortie de centre de dĂ©tention, on le voit acceuillit a une soiree en son honneur par une foule de sympathisants qui le vĂ©nĂšrent comme un mythe vivant. Dereck ou lâhomme qui a montre lâexemple se rend alors compte que jamais plus les choses ne seront comme avant. Dâapres Hitler, la valeure dâun mouvement se calcul en fonction du nombre de sympathisants et en fonction de la foi quâon ces sympathisants en la doctrine et en le chef de file de cette meme doctrine. Mais etre nombreux et ne rien faire ne servirait pas a grand chose. Voila pourquoi des actions concretes sont mises en places pour montrer la puissance du mouvement. III/ La violence raciale ou la mise en place du droit du plus fort. a/ La violence dans la non considĂ©ration de la dignitĂ© dâautrui La mise en place de la loi du plus fort se fait dans la non considĂ©ration de la dignitĂ© dâautrui. Si dans le cadre de mon crĂ©do, je dois mettre en place une supĂ©rioritĂ© de ma personne par rapport aux autres, il est nĂ©cessaire que cette mise en supĂ©rioritĂ© se fasse dans la nĂ©gation dâautrui, dans le dĂ©nigrement de sa personne, de son intĂ©gritĂ©. Câest exactement ce quâil sâest passe lors de la seconde guerre mondiale. Alors quâAdolphe Hitler ordonnait lâextermination des juifs, on a vu se mettre en place parallĂšlement une propagande qui considĂ©rait le juif comme sous-hommes, comme un rat. Le terme de juif Ă©tait purement nĂ©gatif, dâailleurs nous nâappelions pas un juif un juif » mais on le prenait dans son ensemble dans sa qualitĂ© au terme philosophique du terme de juif. Ainsi une exposition a Paris partait le nom suivant LE juif et la France ». Etant pris dans son ensemble le juif Ă©tait alors exempt de toute humanitĂ©. Dans American History X, cette notion de dĂ©shumanisation est tout a fait explicitĂ© par les termes utilisĂ©s par les membres du DOC. Quand Dereck traine au sol la personne qui lui a braquer sa voiture, il sâadresse a lui en ces mots câest bĂȘte le negre tu es tombĂ© a la mauvaise adresse. » Ou encore mets tes dents sur le trottoir esclave ! » La violence apparait donc comme purement physique dans un premier temps mais egalement morale dans un deuxieme. La violence joue un role extremement important pour asseoir se sentiment de superiorite par rapport a la race dite inferieure. En effetil est de notoriete commune de penser pouvoir etre respecter avant tout avec la violence avant les paroles. Le film exploite cette facon de voir les choses en montrant des images choquantes tels que le meurtre des 5 afro-amricains par Dereck ou encore avec des decors tout a fait explicites a grand renforts de croix gammĂ©es et de signe SS ou violence est donc vu comme un moyen de pression sur autrui ou du moins ce quâil reste dâautrui puisque il nâest plus considere comme un homme a partir du moment meme ou une doctrine raciale va se mettre en place contre lui. Ce sentiments de superiorite par la violence semble un point de plus majeur pour la doctrine. b/Un sentiment nĂ©cessaire Pour nous faire entendre il faut que nous agissions et si certains doivent mourir au cours de la manĆuvres, ce nâest pas notre faute. » Quand Cameron explique cela a Dereck alors quâil sort de prison on comprend comment il a pu en arriver a exterminer purement et simplement ces personnes. Dans Le Prince, Machiavel explique lâimportance pour un souverain de se faire bien voir mais en etant respecter de ses sujets. Il considere que lâimportant nâest pas ce quâon fait, mais ce que lâon pense de nous. Ainsi on peut considerer que dire une chose bonne devant ses sujets et faire tout bonnement lâinverse sans leur dire est etre un bon souverain. On peut rapprocher cette facon de penser de la doctrine du DOC. Lâimportant dâun souverain etant dâetre respecter par tous les moyens on peut considerer que la violence peut apparaitre comme necessaire pour les sympathisants dans le but de se sentir superieurs et respecter par les races dites inferieures. Câest pourquoi au moment du saque du magasin, les skins head ne se sentent pas mal. Ils se trouvent dans un etat quasi second, un etat qui leur permet une fois lancĂ© de ne plus souffrir dâaucun scrpules en respectant toutes les regles necessaire pour la bonne tenue de la doctrine. Deshumanisation dâautrui, violence, sentiment de superiorite, haine raciale⊠Conclusion American History X a marquĂ© les esprits car il est un des seuls films a avoir montre le problĂšme de la rĂ©demption de lâintĂ©rieur mĂȘme du problĂšme. A grand renfort de figure charismatiques on peut concevoir, sur un plan philosophique, que ce film est tout a fait en accord avec de nombreuses doctrines dâauteurs. Montrant lâhorreur dâune telle façon de penser dans un monde ou des vagues entiĂšres de populations migrent a travers le monde, American History X pose la problĂ©matique de la bien sĂ©ance de se genre de pensĂ©e doctrinale. Quâon partage ou pas ces idĂ©es, force est dâadmettre que la question peut se poser de savoir si on doit tendre du cote de lâouverture ou du cotĂ© du rejet raciale et idĂ©ologique. Personnellement mon choix est fait mĂȘme si je ne sais pas si câest le bon choix, je dirais quâil est avant tout rĂ©flĂ©chit et basĂ© sur mon expĂ©rience. A chacun dâen faire autant. Chacun chez soi et Dieu pour tous, amour entre les peuples, voila surement la plus grande question de ce Monde.
Ăvelynelit : des romans, des polars et des guides de voyage en français comme en anglais. Ăvelyne regarde : beaucoup de films, de sĂ©ries (surtout nordiques, anglaises et belges) et de documentaires. Ăvelyne Ă©coute : de la musique pop et rock : Arcade Fire, The National, Muse et Balthazar, mais aussi des artistes français comme Dominique A et Feu! Chatterton. Ăvelyne
Guide de voyageĂtats-UnisWashington, Capitale fĂ©dĂ©rale des Ătats-Unis d'AmĂ©rique, Washington a Ă©tĂ© Ă©difiĂ©e sur les rives du fleuve Potomac, d'aprĂšs les plans d'un architecte français. On s'incline devant le Capitole, le mĂ©morial Lincoln et celui de Jefferson, la Maison blanche et le Pentagone. Pas de quartier de gratte-ciel Ă Washington, mais la Smithsonian Institution, le grenier national », regroupe une quinzaine de musĂ©es dont le National Museum of Natural History, la National Portrait Gallery, lâAmerican Art Museum Ă dĂ©couvrir avec votre guide touristique Washington Ă la main ! Parmi d'autres particuliĂšrement intĂ©ressants, on peut citer le musĂ©e national des AmĂ©rindiens, la Old Post Statio et la Library of Congress. Si Washington est une ville de musĂ©es, elle invite aussi Ă la dĂ©couverte de quartiers typĂ©s et pittoresques, dont Georgetown aux rues animĂ©es, Adams Morgan, le QG des intellectuels et des fĂȘtards Dupont Circle, quartier rĂ©sidentiel dotĂ© de plusieurs boutiques-hĂŽtels. S'ajoute une offre de tables gastronomiques et de nombreux espaces verts. Il est agrĂ©able de se promener dans East Potomac Park, 120 ha sur une presqu'Ăźle au cĆur de la ville et de la riviĂšre Potomac, le Jardin botanique amĂ©ricain Botanic Garden aux 10 000 variĂ©tĂ©s dâorchidĂ©es, sans oublier Anascostia Park pour pique-niquer et se baigner piscines. La dĂ©couverte du Kenilworth Park avec ses jardins aquatiques, des expositions, un golf 18 trous, 3 marinas, mĂ©rite Ă lui seul une journĂ©e entiĂšre. Efficace le tour de la ville en bus Ă impĂ©riale, bus Ă Ă©tage avec Hop On Hop Off » ou Ă vĂ©lo. Et faites-vous plaisir embarquez pour une balade en bateau sur le Potomac. Lire la suite Que visiter Ă WASHINGTON, ? Adresses FutĂ©es de WASHINGTON, Quand partir Ă WASHINGTON, ?Quand partir ? Washington est une ville dynamique et animĂ©e toute l'annĂ©e, trĂšs agrĂ©able Ă vivre et Ă visiter aux quatre saisons et particuliĂšrement au printemps, lorsque les cerisiers plantĂ©s le long du fameux National Mall, qui s'Ă©tend du Washington Monument au Capitole des Ătats-Unis, sont en fleur⊠Le Cherry Blossom Festival, Festival des Cerisiers en Fleur, se dĂ©roule ainsi tous les ans dans la ville en mars-avril. Il est un incontournable pour qui visite Washington au printemps. MĂ©tĂ©o Budget FormalitĂ©s SantĂ© MĂ©tĂ©o en ce moment MĂ©tĂ©o Ă l'annĂ©e Le climat de la ville de Washington est subtropical humide, c'est-Ă -dire tempĂ©rĂ©, sans saison sĂšche, avec un Ă©tĂ© chaud. Le printemps et l'automne sont chauds Ă modĂ©rĂ© avec des tempĂ©ratures journaliĂšres d'environ 20 °C. En hiver, le climat subtropical chaud devient continental froid avec des tempĂ©ratures basses en moyenne 2 °C en janvier et de la neige. L'Ă©tĂ© tend Ă ĂȘtre trĂšs chaud et humide, voire torride, avec des tempĂ©ratures autour de 32 °C et des orages passagers. La mĂ©tĂ©o de Washington est donc bien marquĂ©e en Ă©tĂ© comme en hiver. BudgetEn rĂ©servant Ă l'avance, vous trouverez un hĂŽtel Ă Washington pour 90-100 US$, en toute saison. Attention, durant la haute saison touristique, en juillet et en aoĂ»t, les prix peuvent ĂȘtre multipliĂ©s par trois. On mange bien pour moins de 20 US$. En revanche, les transports en commun sont plus chers quâen France autour de 2,50 US$ le ticket. LâentrĂ©e dans les musĂ©es de Washington est dâenviron 12 US$. Et comme ils sont nombreux, votre budget musĂ©e est Ă considĂ©rer ! FormalitĂ©sLa France fait toujours partie du programme Visa Waiver Pilot qui autorise les ressortissants français Ă entrer sur le sol amĂ©ricain sans visa pour un sĂ©jour d'une durĂ©e maximale de 90 jours. Pour sĂ©journer Ă Washington, il vous suffit d'avoir un passeport biomĂ©trique en cours de validitĂ©, un billet aller-retour non remboursable aux Ătats-Unis et ne pas avoir l'intention de prolonger son sĂ©jour sans oublier le formulaire ESTA rempli sur Internet au moins 72h avant le dĂ©part et le paiement de la taxe de 14 US$ qui accompagne ce formulaire Pour un sĂ©jour d'une durĂ©e supĂ©rieure Ă 90 jours, le visiteur doit ĂȘtre en possession d'un visa. Plusieurs types de visas existent Ă©tudiant, de travail, etc., mais ils sont tous assez difficiles Ă obtenir. Consultez le site Internet de l'ambassade des Ătats-Unis en France SantĂ©Pas de problĂšmes sanitaires particuliers aux Ătats-Unis, encore moins si votre sĂ©jour se cantonne Ă Washington. La capitale est bien pourvue en hĂŽpitaux. Le seul problĂšme sera les tarifs pratiquĂ©s trĂšs Ă©levĂ©s. En cas dâurgence, appelez le 911 de nâimporte quel tĂ©lĂ©phone, mĂȘme les portables qui nâont plus dâunitĂ©s fonctionneront dans ce cas prĂ©cis. Vous serez pris en charge dâautant plus vite que vous prĂ©senterez une preuve de solvabilitĂ© carte de crĂ©dit ou assurance. Aucun certificat de vaccination nâest exigĂ© pour entrer aux Ătats-Unis. Les personnes sous traitement mĂ©dical devront se munir dâune ordonnance pour prouver quâelles nâimportent pas de produits illicites. Comment partir Ă WASHINGTON, ? Nos conseils & astuces Voyages organisĂ©s Partir seule Se dĂ©placer Vous pouvez faire le choix d'un sĂ©jour Ă Washington combinant vol et hĂŽtel, voire vol, hĂŽtel et visites des monuments, musĂ©es et points d'intĂ©rĂȘt principaux ou encore d'un circuit incluant Washington, le District de Columbia, le Maryland et la Virginie, les deux Ătats voisins. Les voyagistes proposent plusieurs formules attractives dans cette rĂ©gion. Il existe des vols directs pour Washington. Une fois sur place, il est trĂšs facile d'ĂȘtre autonome, Washington se parcourt facilement Ă pied ou en transports en commun. Les habitants sont trĂšs accueillants et ne manqueront pas de vous aiguiller dans vos visites. Seul point Ă prĂ©voir Ă l'avance, les rĂ©servations d'hĂŽtels, afin de s'assurer d'un tarif l'instar de New York ou de San Francisco, Washington est trĂšs bien quadrillĂ©e par les transports en commun. Ne nĂ©gligez pas les distances d'un quartier Ă l'autre, la ville est Ă©tendue. Le mĂ©tro est trĂšs efficace. Il est intĂ©ressant de prendre une carte Ă la semaine, si vous sĂ©journez longtemps et vous dĂ©placez beaucoup ce que vous ne manquerez pas de faire. Il est interdit de boire ou de manger dans les rames et dans les stations de mĂ©tro. Organiser son voyage Ă WASHINGTON, Transports RĂ©servez vos billets d'avions Location voiture Taxi et VTC Location bateaux HĂ©bergements & sĂ©jours Trouver un hĂŽtel Location de vacances Echange de logement Trouvez votre camping RĂ©servez vos vacances au ski Services / Sur place RĂ©servez une table ActivitĂ©s & visites Voyage sur mesure Apprendre une langue Ă©trangĂšre Les circuits touristiques Ă WASHINGTON, Photos de WASHINGTON, Reportages & actualitĂ©s de WASHINGTON, Autres destinations Ă proximitĂ© de WASHINGTON,
Réponse1 / 7. Meilleure réponse. Squalman 675. Modifié par Squalman le 22/12/2010 à 04:20. Aucune suite connue à ce film n' est aujourd' hui répertoriée ! Ce sont des extraits et des rushes du premier qui ont été montés ensemble pour créer le buzz d'
Abstract Outline Text Bibliography Notes References About the author Abstracts Le rĂȘve amĂ©ricain dâune union plus parfaite» sâest confrontĂ© depuis son origine Ă la ligne de couleur. Dans le contexte des Ătats-Unis la recherche du consensus national a pris une forme spĂ©cifique, celui dâune religion civile» Bellah 1973 relayĂ© puissamment par la force des grands mĂ©dias. Câest dans le cadre du consensus libĂ©ral que lâhistoire du mouvement des droits civiques est dâabord Ă©crite. Son rĂ©cit dominant prĂ©sente une version simplifiĂ©e, expurgĂ©e, dans un cadre spatial et temporel par trop limitĂ©. Les omissions nombreuses et la panthĂ©onisation de quelques figures permettent de mieux dissimuler les rĂ©cits divergents. The American dream of a âmore perfect unionâ was blocked by the color line from the beginning. In the US context, the quest for a national consensus took a specific form, a âcivil religionâ Bellah 1967, powerfully broadcasted by the major media outlets. The history of the civil rights movement has been written into the general framework of the liberal consensus. Its master narrative shows a simplified version, expunged, and restricted to a very limited spatial and temporal framework. The numerous omissions and the enshrining of a few main names hide the diverging narratives. Top of page Full text Le passĂ© ne meurt jamais. Il nâest mĂȘme pas passĂ© Faulkner 1951 1 âOne is astonished in the study of history at the recurrence of the idea that evil must be forgotte ... En Ă©tudiant lâhistoire on ne peut quâĂȘtre stupĂ©fait par la rĂ©pĂ©tition de cette idĂ©e que le mal doit ĂȘtre oubliĂ©, dĂ©formĂ©, Ă©crĂ©mĂ©. Nous ne devons pas nous rappeler que Daniel Webster se saoula, mais quâil fut un extraordinaire constitutionnaliste. Nous devons oublier que George Washington fut un propriĂ©taire dâesclaves ⊠et nous souvenir simplement de ce que nous jugeons positifs et qui peut nous inspirer. La difficultĂ© Ă©videmment de cette philosophie, est que lâhistoire perd sa valeur incitatrice et exemplaire ; elle dĂ©peint des hommes parfaits et de nobles nations, mais elle ne dit plus la vĂ©ritĂ© Dubois 1935.1 Introduction 2 La politique de discrimination positive a Ă©tĂ© mise en place Ă partir des annĂ©es 1960 aussi bien Ă t ... 3 Selon les partisans dâune interprĂ©tation color-blind de la Constitution, la meilleure maniĂšre dâen ... 4 Jim Crow dĂ©signait des arrĂȘtĂ©s discriminatoires votĂ©s dans les Etats du Sud aprĂšs la guerre de SĂ©ce ... 5 âNo history of Jim Crow, no history of anger, no history of slavery. All the bad stuff in our histo ... 6 Soit lâexact contraire de ce quâont tentĂ© par exemple les procĂšs sud-africains de la commission VĂ©r ... 1LâĂ©lection dâObama en 2008 a Ă©tĂ© lâoccasion, non pas dâune mobilisation pour les droits des minoritĂ©s, mais au contraire dâune offensive conservatrice, tant sur les origines du nouveau prĂ©sident que sur tous les programmes de discrimination positive affirmative action.2 Elle a donnĂ© lieu Ă un vĂ©ritable dĂ©ferlement de discours sur lâavĂšnement dâune prĂ©tendue Ăšre color-blind,3 supposĂ©e exempte de discrimination raciale. Dans un article de fĂ©vrier 2009, Janine Jackson cite un journaliste de NBC qui dĂ©clare Ă cette occasion Pas dâhistoire de Jim Crow,4 pas de colĂšre, pas dâesclavage, ce type ne trimbale pas tous les sales trucs de notre histoire» Jackson 2009.5 Ainsi lâĂ©lection dâObama semble dĂ©culpabiliser la nation vis-Ă -vis de son passĂ© esclavagiste et discriminatoire. Pour lâhistorien Holzer cette Ă©lection rĂ©pond au rĂȘve de Lincoln exprimĂ© dans lâadresse de Gettysburg dâune nouvelle nation conçue dans la libertĂ© et vouĂ©e Ă la thĂšse selon laquelle tous les hommes sont créés Ă©gaux » Holzer 2009. Cette Ă©lection devrait permettre la tabula rasa dâun passĂ© Ainsi lâhistoire comme la mĂ©moire des Africains AmĂ©ricains depuis lâesclavage jusquâaux mobilisations pour les droits civiques des annĂ©es 1950 et 1960 ont-ils partie liĂ©e avec les enjeux politiques contemporains. 7 Lâouvrage Ă©ponyme dâHobsbawm et Ranger a popularisĂ© ce concept qui souligne la maniĂšre dont des inn ... 8 Les termes utilisĂ©s pour dĂ©signer les Noirs amĂ©ricains nâont cessĂ© dâĂ©voluer. Dâabord African dans ... 9 Et ce dĂšs la fondation des Etats Unis. La section deux de lâarticle premier de la constitution de 1 ... 10 Il sâagit Ă©videmment de lâassassinat du jeune Africain AmĂ©ricain, Michael Brown, le 9 aout 2014, pa ... 2Cet empressement Ă vouloir refermer la cicatrice de la ligne de couleur» Douglass 1881 nâest en rien un phĂ©nomĂšne nouveau. En effet lâ invention dâune tradition »7 Hobsbawm et Ranger 1983 nationale amĂ©ricaine sâest tout dâabord faite sans les Noirs8 et mĂȘme contre Alors que la premiĂšre sĂ©rie de lois sur les droits civiques cĂ©lĂšbre en 2014 ses cinquante ans, lâidentitĂ© nationale reste plus que jamais clivĂ©e par la question raciale, comme les Ă©vĂ©nements de Fergusson de lâĂ©tĂ© de la mĂȘme annĂ©e en tĂ©moignent plus que 3Nous ferons lâhypothĂšse que les passĂ©s esclavagistes, sĂ©grĂ©gationnistes, et discriminatoires affrontent de puissants mĂ©canismes qui contribuent soit Ă leur oubli, soit Ă un rĂ©cit Ă©dulcorĂ© et acceptable du passĂ©. Nous aborderons particuliĂšrement la pĂ©riode large qui autour des mouvements pour les droits civiques, a vu se mobiliser des fractions importantes de la population africaine-amĂ©ricaine, entre 1945 et les annĂ©es 1970. 11 Un consensus libĂ©ral dĂ©fini comme une chape de plomb politique qui fait taire les voix contestatair ... 12 Le systĂšme amĂ©ricain de la libre-entreprise est diffĂ©rent de lâancien capitalisme. Il est dĂ©mocra ... 4Cette pĂ©riode qui sâouvre avec la guerre froide voit triompher le consensus libĂ©ral, tel que le journaliste britannique Godfrey Hodgson le dĂ©finit en 1976, la foi dâune grande nation au sommet de sa confiance en elle-mĂȘme et de sa puissance». Il sâest forgĂ© dans la pĂ©riode du New Deal mais son contenu se modifie dans le contexte de la guerre froide. Il associe le libĂ©ralisme dans le domaine racial au libĂ©ralisme Ă©conomique, dans un double refus du communisme et du fascisme ou dâautres thĂ©ories rĂ©actionnaires. Hodgson le dĂ©finit comme un âlibĂ©ralisme conservateur,â11 portĂ© par la foi selon laquelle la croissance amĂ©ricaine permettrait dâabolir les âinjustices et les inĂ©galitĂ©sâ sans heurt et sans sacrifice pour les classes Cette pĂ©riode est souvent dĂ©crite comme celle dâun grand conformisme social et politique, liĂ© Ă la fois au Maccarthisme et au dĂ©veloppement de la consommation de masse Hodgson 1976. Câest dans ce cadre que lâhistoire du mouvement pour les droits civiques va tout dâabord ĂȘtre Ă©crite. 5Alors que les mobilisations contre la sĂ©grĂ©gation et la discrimination se dĂ©veloppent aprĂšs la Seconde guerre mondiale, la vision qui en est donnĂ©e, par les mĂ©dias comme par les historiens, participe, dans le feu des Ă©vĂ©nements, Ă une Ă©criture des faits conforme au consensus national tel quâil domine alors. Ainsi une certaine Ă©criture de lâhistoire, avec des oublis et des silences, mais aussi un phĂ©nomĂšne dâicĂŽnisation de quelques hĂ©ros et de quelques Ă©pisodes choisis masquent la complexitĂ© dâune rĂ©alitĂ© contradictoire. LâĂ©lection dâObama semblait parachever ce rĂ©cit du conflit racial rĂ©solu par la voie dĂ©mocratique. 1. Un consensus historique bancal le rĂ©cit dominant Naissance des Black Studies 6Si la question de lâesclavage fut continuellement dĂ©battue, les Noirs amĂ©ricains ne faisaient partie ni de la nation, ni du rĂ©cit national. Ils nâĂ©taient guĂšre prĂ©sents dans le champ historique, ni comme sujets ni comme acteurs et auteurs de leur propre rĂ©cit, dâabord simplement car ils Ă©taient presque totalement exclus des universitĂ©s, hormis quelques universitĂ©s noires. La production historienne quant Ă lâesclavage reste longtemps dĂ©terminĂ©e par cette exclusion des Noirs. Pendant la pĂ©riode esclavagiste les Noirs libres Ă©taient relativement nombreux, mais ils restaient exclus du champ de lâhistoire acadĂ©mique, et ce sont dâautres sources, et notamment les slave narratives, les rĂ©cits dâesclaves qui portaient leurs voix en faveur de lâabolition. DĂšs la fin du dix-neuviĂšme siĂšcle diffĂ©rents intellectuels noirs produisent des Ă©tudes majeures, tel Du Bois, mais leurs travaux restent cependant marginaux Du Bois 1899. Ce sont les mobilisations des annĂ©es 1950-1960 qui conduisent Ă la naissance des Black Studies une rĂ©volution historiographique qui introduisit les descendants des ex-esclaves en tant quâacteurs. 7Les analyses se multipliĂšrent dans le cours mĂȘme des Ă©vĂ©nements. Une gĂ©nĂ©ration de chercheurs assiste ou participe aux Ă©vĂ©nements qui, des villes du Sud, sâĂ©tendent ensuite notamment aux campus universitaires dans le reste du pays. 13 Qui Ă©crira lâouvrage de rĂ©fĂ©rence sur le CORE Meier et Rudwick 1975. 14 Il assiste dans les annĂ©es 1960 aux meetings du SNCC et du CORE, il se dĂ©finit alors comme un par ... 15 Le Student National Coordinating Committee, SNCC, Ă savoir une organisation dâĂ©tudiants noirs créée ... 16 Dont il se fera licencier pour son soutien ouvert au SNCC. En 1957 ses Ă©tudiantes obtiennent la dĂ©s ... 17 Il faut citer lâengagement de trĂšs nombreux historiens blancs en faveur de la dĂ©sĂ©grĂ©gation. Ainsi ... 8Les premiers Ă©crits sur le mouvement sont ceux de journalistes, de militants. Puis Ă la fin des annĂ©es 1960 les premiers travaux dâhistoriens paraissent qui sont le fait dâuniversitaires blancs militants. Ainsi August Meier,13 enseigne au Tugaloo College Ă la fin des annĂ©es 1940, puis rejoint la Howard Zinn, Ă©crit en 1964 The SNCC The New Abolitionists »15 le SNCC, Student National Coordinating Committee est fondĂ© en 1960 Zinn 1964. Il enseignait depuis 1956 dans une universitĂ© noire, le Spelman College, Ă Nombreux sont les historiens qui se rangent aux cĂŽtĂ©s du mouvement, tels Leon Litwack, Allan Spear Verney 2006 5.17 9Ainsi lâune des spĂ©cificitĂ©s de cette histoire est de sâĂȘtre constituĂ©e, par le mouvement noir lui-mĂȘme. Les mobilisations des annĂ©es 1950-1960 portent notamment comme objectif la dĂ©sĂ©grĂ©gation dans les Ă©coles, y compris dans les universitĂ©s, et grĂące Ă laquelle le nombre dâĂ©tudiants noirs sâest ensuite rapidement Ă©levĂ©. Parmi ces Ă©tudiants, nombre dâentre eux vont multiplier les recherches sur lâhistoire africaine-amĂ©ricaine et imposer la question raciale comme une discipline Ă part entiĂšre au sein du systĂšme universitaire amĂ©ricain. 18 Carter G. Woodson publie en 1933 The Mis-Education of the Negro, qui dĂ©nonce lâisolement des intell ... 19 Il faut mentionner par exemple une nouvelle approche de lâhistoire de lâesclavage, reprĂ©sentĂ©e par ... 20 We demand a program of "Black Studies," a program that will be of and for black people. We demand t ... 10Mais pour les Ă©tudiants afro amĂ©ricains des annĂ©es 1960, il est plus temps de faire lâhistoire que de lâĂ©crire. La dĂ©sĂ©grĂ©gation scolaire leur a ouvert plus largement les portes de lâuniversitĂ©. Ils revendiquent le dĂ©veloppement de dĂ©partements consacrĂ©s aux Black Studies. Cela signifie le contrĂŽle sur sa propre histoire. Ă lâintĂ©gration dans le corps politique doit rĂ©pondre une intĂ©gration dans lâhistoire nationale. Mais lâobjectif nâest pas simplement dâouvrir des carriĂšres acadĂ©miques, mais dâĂȘtre au service de lâamĂ©lioration de la vie concrĂšte de la communautĂ©. Il existait une mĂ©fiance ancienne Ă lâencontre dâintellectuels noirs qui oubliaient leur origine, mĂ©fiance exprimĂ©e par exemple par Carter G. Woodson dans The Mis-Education of the Negro18 Woodson 1933. Pour Ă©viter ces travers, les Black Studies sâorganisent Ă part, dans le cadre plus large des Area Studies. Elles sâinstitutionnalisent, et les travaux se Dans lâUniversitĂ© de Californie Ă Berkeley les Ă©tudiants noirs du syndicat AASU, Afro-American Student Union, rĂ©clament en avril 1968 la formation dâun dĂ©partement quâils souhaitent voir nommer Black Studies Nous voulons un cursus de Black Studies qui sera lâĆuvre des Noirs et qui leur sera destinĂ©. Nous voulons ĂȘtre Ă©duquĂ©s hors du mensonge, et que tout enseignement qui essaye de nous mentir ou de nous dĂ©sinformĂ©s soit proscrit ».20 Ainsi une premiĂšre victoire des droits civiques, câest le droit Ă sa propre histoire. 11Les conflits majeurs quâont Ă©tĂ© les mobilisations africaines amĂ©ricaines, dont le mouvement dit des droits civiques, font dĂ©sormais partie prenante de lâhistoire nationale, Ă commencer par celle qui est enseignĂ©e. Mais ils sây sont intĂ©grĂ©s sous la forme dâun rĂ©cit qui masque les failles et les cicatrices, pour mieux valoriser le consensus. Une historiographie de lâapaisement dont la vision domine la scĂšne 21 Rappelons que Rosa Parks, militante de la NAACP, est Ă lâorigine du boycott des bus sĂ©grĂ©guĂ©s de Mo ... 12Dans Imagined Communities Reflections on the Origin and Spread of Nationalism Benedict Anderson dĂ©crit ce quâil nomme le phĂ©nomĂšne du fratricide rassurant qui mĂ©tamorphose les conflits en banales querelles familiale Anderson 2006. Il dĂ©montre comment lâunitĂ© nationale se forge Ă travers une dialectique permanente dâoublis, de souvenirs et dâinventions. Aux Ătats-Unis lâoubli de la furie raciste des Blancs du Sud va de pair avec la cĂ©lĂ©bration de personnages emblĂ©matiques tels Rosa Parks et Martin Luther King. Un pasteur baptiste qui multiplie les appels Ă la non-violence, câest sans doute la figure la plus rassurante que pouvait produire le mouvement. Mais surtout les dĂ©clarations plus radicales de King, Ă commencer contre la guerre du Vietnam aprĂšs 1965, ou ses choix politiques alors quâil lance la campagne contre la pauvretĂ©, la Poorâs People Campaign, Ă partir de 1967, sont passĂ©s sous silence. De mĂȘme Rosa Parks21 est-elle devenue une icĂŽne qui masque la radicalitĂ© de son action et de sa pensĂ©e. 22 Il sâagit dâun article en ligne âAnybody wh ... 23 Cette organisation radicale, qui voulait associer nationalisme noir et communisme, fut fondĂ©e Ă Oak ... 24 âPanthers are portrayed more as a group of sloganeering radicalsâŠâ, voir ... 13Certaines Ćuvres de fiction reprennent avec moins de nuances ce type de rĂ©cit, voire des points de vue qui ne font guĂšre lâunanimitĂ©, ni parmi les historiens, ni parmi les tĂ©moins de ces faits. Ainsi le film Mississipi Burning dâAlan Parker 2001 donne Ă voir un Ă©pisode qui, certes, nâest pas toujours le plus mis en lumiĂšre, puisque son scĂ©nario prend pour canevas lâenquĂȘte autour du meurtre de trois jeunes liĂ©s au SNCC en 1964. Mais ses hĂ©ros sont deux agents du FBI qui cherchent Ă faire triompher la vĂ©ritĂ©. Howard Zinn, fait un commentaire peu amĂšne sur le film et sa vision dâun Ătat fĂ©dĂ©ral protecteur Quiconque Ă©tait engagĂ© alors dans le mouvement dans le Sud savait ceci dâune façon absolument certaine le FBI ne pouvait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un ami du mouvement pour les droits civiques, et il nâen Ă©tait pas un. »22 Steven F. Lawson propose une vision qui nuance les propos de Zinn en soulignant le rĂŽle essentiel de la politique fĂ©dĂ©rale le gouvernement fĂ©dĂ©ral a rendu la rĂ©forme possible mais les Noirs du Sud lâont rendu nĂ©cessaire » Lawson et Payne 2006 42. Il nâen demeure pas moins que la vision donnĂ©e par Alan Parker reste trĂšs contestĂ©e. Plus rĂ©cemment le film The Butler de Lee Daniels 2013 a proposĂ© un rĂ©cit lui aussi marquĂ© par cette vision de lâhistoire. Selon Peniel Joseph, historien africain-amĂ©ricain spĂ©cialiste du mouvement nationaliste noir, lâimage qui est donnĂ©e dans ce film des PanthĂšres Noires, les Black Panthers,23 est celle dâun groupe qui ne fait que manier les slogans. »24 14La mĂ©moire traumatique des Ă©vĂ©nements est ainsi filtrĂ©e et dĂ©formĂ©e pour donner naissance Ă une image du Sud fortement remaniĂ©e et intĂ©grĂ©e dans le projet dĂ©mocratique. Cette simplification et ces dĂ©formations participent Ă la production dâune version plus consensuelle qui fait disparaĂźtre de la scĂšne Ă la fois les blessures passĂ©es et les tensions toujours prĂ©sentes qui ont partie liĂ©e avec les limites du mouvement des droits civiques et de ses accomplissements. Cependant depuis plus de vingt ans un puissant renouveau historiographique a ouvert de nouvelles voies qui redonnent Ă ces Ă©vĂ©nements leur complexitĂ© et leur profondeur. Une historiographie profondĂ©ment renouvelĂ©e 15Jacqueline Dowd Hall a Ă©tĂ© lâune des premiĂšres Ă remettre en question les prĂ©supposĂ©s de lâhistoriographie dominante dans leur globalitĂ©. Elle dĂ©montre comment lâhistoriographie classique passe sous silence certains faits en limitant son champ dâinvestigation Ă une pĂ©riode de dix annĂ©es, de 1954 Ă 1964 commençant par lâarrĂȘt Brownž qui dĂ©clara la sĂ©grĂ©gation Ă lâĂ©cole non constitutionnelle et se terminant par la loi de 1964 qui mettait en thĂ©orie fin Ă la discrimination, notamment Ă lâembauche. Elle dĂ©finit dans un article de 2005 ce quâelle nomme un rĂ©cit dominant master narrative qui exclut des luttes pour les droits civiques les expĂ©riences les plus radicales et les voix des femmes des luttes pour les droits civiques 25 Bowdler publia en 1818 une version expurgĂ©e de lâĆuvre de Shakespeare, the Family Shakespeare, quâi ... 16Le rĂ©cit dominant, en limitant la lutte pour les droits civiques au Sud Ă des hĂ©ros bowdlerisĂ©s, 25 Ă une seule dĂ©cennie idyllique, et Ă des objectifs non Ă©conomiques limitĂ©s, a comme rĂ©sultat Ă la fois de magnifier ce mouvement, tout en le diminuant. [âŠ] Ce rĂ©cit empĂȘche que lâun des plus remarquables mouvements de masse de lâhistoire amĂ©ricaine puisse rĂ©pondre efficacement aux dĂ©fis de notre Ă©poque » Hall 2005. 17Ces regards divergents ont peut-ĂȘtre finalement leurs sources dans la vision portĂ©e sur la situation actuelle des relations raciales. La majoritĂ© des Noirs restent convaincus que le rĂȘve amĂ©ricain ne fonctionne que pour les Blancs Hochschild 1996. 26 âFirst, this new scholarship reperiodizes the Civil Rights-Black Power era by pushing the chronolog ... 18Les choix dâune pĂ©riode limitĂ©e, et dâun espace limitĂ©, le Sud oĂč lâaction non-violente a dâabord prĂ©valu, sont essentiels pour limiter la portĂ©e de ce conflit et ses consĂ©quences au prĂ©sent. Jacqueline Dowd Hall y oppose une histoire longue du mouvement des droits civiques long civil rights movement Hall 2005 dont la portĂ©e dĂ©passe le simple cadre du vote en mettant lâaccent sur les droits humains. Remarquons aussi lâapparente contradiction que nous aborderons plus aprĂšs, entre un mouvement tout Ă la fois magnifiĂ© et diminuĂ© lâicĂŽnisation de certains acteurs et de certains Ă©vĂ©nements permet de masquer la pluralitĂ© des options militantes et politiques des membres du rang » du mouvement. Les voix discordantes sont rĂ©appropriĂ©es par ce rĂ©cit historique consensuel et neutralisĂ©es. Ainsi malgrĂ© leur rĂŽle extrĂȘmement important dans le mouvement des droits civiques, les femmes noires du Sud sont exclues des premiers Ă©crits historiques. Lâhistoriographie traditionnelle a Ă©tĂ© battue en brĂšche par lâexploitation des sources orales. Jacqueline Dowd Hall suit la voie ouverte par le journaliste engagĂ© Studs Terkel et son histoire orale de la crise Terkel 1970 ou par lâhistorien italien Alessandro Portelli, auteur dâune histoire orale des mineurs du Harlan County Portelli 2010 pour donner la parole aux anonymes et aux oubliĂ©s de lâhistoire. Les bornes temporelles des recherches se sont Ă©largies. Joseph Peniel parle dâune nouvelle Ă©rudition qui pĂ©riodise diffĂ©remment lâĂšre des Droits CiviquesâBlack Power en Ă©largissant la chronologie du radicalisme noir des annĂ©es 1950 aux annĂ©es 1970 ».26 Depuis les annĂ©es 1990 les recherches se sont multipliĂ©es au-delĂ de la pĂ©riode qui sâachĂšve en 1964, autour notamment des Black Power Studies Joseph 2007; Joseph 2006. 19Ainsi le clivage entre une premiĂšre phase du mouvement jusquâen 1964 prĂ©sentĂ©e comme ordonnĂ©e et efficace suivi par le chaos des Ă©meutes et la confusion politique et organisationnelle de la pĂ©riode du Black Power est-il dĂ©passĂ©. 27 Le terme libĂ©ral » dĂ©signe au sens amĂ©ricain un libĂ©ralisme politique qui prend son sens moderne ... 28 Bayard Rustin 1917-1987 fut lâun des principaux stratĂšges de lâorganisation SCLC, Southern Christ ... 29 In ways I can only suggest here, northern and southern activists influenced one another. The topi ... 20Alors que Dowd Hall cherche Ă contextualiser les annĂ©es 1950-1960 dans un cadre temporel plus large, dâautres sâattachent Ă resituer ces Ă©vĂ©nements dans un cadre spatial plus vaste. Ainsi lâopposition entre un Vieux Sud raciste et un Nord libĂ©ral et tolĂ©rant est-elle aussi remise en cause. Comme le choix dâune pĂ©riode classique, celui dâun espace restreint oriente le propos. Les lieux sont chargĂ©s de sens et lâopposition Nord-Sud contribue Ă donner une image libĂ©rale du Nord, dans le sens que ce mot prend aux Ătats-Unis, dâune sensibilitĂ© Seul le Sud serait coupable du racisme et de discriminations. Ainsi Bayard Rustin28 identifie un Sud et un Nord oĂč les problĂ©matiques seraient diffĂ©rentes, et cette distinction gĂ©ographique sĂ©parerait deux types dâoppressions, hĂ©ritĂ©es dâĂ©volutions historiques distinctes. Pourtant Malcolm X situait les plus grands obstacles Ă lâĂ©mancipation au Nord. Il dĂ©nonce avec insistance les faux amis Les libĂ©raux du Nord montrent le Sud dâun doigt accusateur depuis si longtemps et avec une telle impunitĂ© quâils font des crises de nerfs quand on les dĂ©masque pour ce quâils sont les premiers des hypocrites» [Malcolm] X et Haley 1993 274. Des recherches rĂ©centes Sugrue 2009 ont remis en cause cette dichotomie par laquelle Nord et Sud sont posĂ©s comme des outils dâanalyse sans avoir Ă©tĂ© auparavant problĂ©matisĂ©s de diffĂ©rentes maniĂšres [âŠ] les activistes du Sud et du Nord se sont influencĂ©s mutuellement. Ce sujet, largement encore inexplorĂ©, mĂ©rite un livre entier ».29 Des lieux ou des entitĂ©s gĂ©ographiques, le Sud, le ghetto, sâimposent, non seulement en tant que localisation, mais aussi en tant que concepts, sans que leur Ă©vidence ne soit rĂ©ellement questionnĂ©e. Le Sud rĂ©sume un hĂ©ritage, un systĂšme social qui sâil existe nâest pas le mĂȘme en tout lieu et nâest pas non plus coupĂ© intrinsĂšquement du Nord. 30 Voir notamment cet article sur la Bottom-up approach » approche du bas vers le haut » http//ww ... 31 The very different, sanitized narrative that has come to dominate textbooks, the popular culture, ... 21Nous devons aussi mentionner diffĂ©rents travaux qui ont en commun une analyse focalisĂ©e sur un espace restreint, une ville, un comtĂ©, Ă partir duquel la complexitĂ© du mouvement est mise en lumiĂšre. Emily Crosby consacre ses recherches Ă redonner Ă travers lâexemple du Clairborne County, sa place Ă lâauto dĂ©fense dans le mouvement des droits civiques Crosby 2005. Cette histoire veut sâĂ©crire du bas vers le haut »30 et donne toute sa place aux acteurs secondaires, ceux qui ont Ă©vitĂ© les camĂ©ras mais agit localement. Elle rend compte de ce renouveau qui lui a permis de dĂ©passer le rĂ©cit aseptisĂ©, qui avait fini par dominer aussi bien les manuels scolaires, la culture populaire et encore trop de travaux dâhistoriens » Crosby 2011 2.31 John Dittmer en est un prĂ©curseur Dittmer 1994, tout comme Charles Payne Ă propos du Mississipi Payne 2007. 22Enfin dâautres chercheurs renouvellent le regard sur des acteurs Ă la fois trĂšs connus mais dont la prĂ©sentation a Ă©tĂ© partiale, et dĂ©formĂ©e. Jeanne Theoharis nous offre ainsi une nouvelle vision de Rosa Parks aprĂšs le boycott de Montgomery, plus proche de la personne rĂ©elle que du symbole quâelle est devenue J. F. Theoharis et Woodard 2003; J. Theoharis 2013b. 23Le renouveau de lâintĂ©rĂȘt pour les annĂ©es 1960, pour des espaces qui nâĂ©taient au cĆur des analyses Ă propos du mouvement des droits civiques, pour des thĂ©matiques nouvelles tout cela a contribuĂ© Ă Ă©branler le grand rĂ©cit classique et nous permet dâenvisager celui-ci comme le fruit de la recherche dâun consensus rassurant. 2. Tous AmĂ©ricains 24Le phĂ©nomĂšne de recherche dâun consensus national nâest pas spĂ©cifiquement amĂ©ricain, mais peut-ĂȘtre prend-il des formes singuliĂšres dans le contexte Ă©tatsunien, tant du point de vue des conflits fratricides qui ont marquĂ© le pays, que du point de vue de la nature du consensus recherchĂ©. Former une union plus parfaite » Un rĂȘve amĂ©ricain, le melting-pot 32 Elle est nĂ©e dâune premiĂšre guerre civile, la RĂ©volution amĂ©ricaine, qui vit sâaffronter loyalistes ... 33 Ces conflits nâont rien de spĂ©cifiquement amĂ©ricain, les chouans comme les mineurs grĂ©vistes anglai ... 25La nation amĂ©ricaine en formation sâest confrontĂ©e Ă toutes sortes de lignes de fractures internes, depuis la rĂ©volution jusquâĂ la guerre de La multiplicitĂ© des failles religieuses, politiques ou territoriales33 rend la recherche dâun consensus national complexe. Lâapport essentiel de lâimmigration au peuplement a fait le succĂšs du concept de melting-pot. Rappelons que cette expression a pour origine la piĂšce de théùtre dâIsraĂ«l Zangwill, montĂ©e pour la premiĂšre fois en 1908. Mais le texte en excluait les Noirs amĂ©ricains LâAmĂ©rique est le creuset de Dieu, le grand mĂ©lange dans lequel toutes les races se fondent et se transforment ⊠les Allemands et les Français, les Irlandais et les Anglais, les Juifs et les Russes tous dans ce creuset. Dieu y fabrique lâAmĂ©ricain » Zangwill 2006. Cette amĂ©ricanisation, que dĂ©crit notamment David Roediger dans The Wages of Whiteness Roediger 1999 Ă propos des Irlandais sâest faite prĂ©cisĂ©ment en opposition aux Africains AmĂ©ricains, dĂ©portĂ©s dâAfrique en esclavage et que le melting-pot ne concernait pas. La ligne de couleur reprĂ©sentait un tabou Ă la fois sexuel et social absolu dans la plupart des Ă©tats amĂ©ricains au dĂ©but du vingtiĂšmesiĂšcle, et cela malgrĂ© le rĂŽle de la religion qui imprĂšgne tous les idĂ©aux nationaux, pas forcĂ©ment en tant quâidĂ©ologie, mais comme un cadre de pensĂ©e. Suis-je le gardien de mon frĂšre ?» GĂ©nĂšse III, chapitre IV 34 Pour autant ce poids du religieux va de pair avec une laĂŻcitĂ© que Denis Lacorne dĂ©crit comme antĂ©ri ... 35 Par religion civile je me rĂ©fĂšre Ă la dimension religieuse, trouvĂ©e dans la vie quotidienne de ch ... 36 Qui rĂ©unit deux groupes dâacteurs prééminents ceux qui signĂšrent la DĂ©claration dâindĂ©pendance de ... 26Denis Lacorne a soulignĂ© lâimportance de la religion sur la constitution dâune identitĂ© amĂ©ricaine Lacorne 2007,34 tout en sâopposant au concept de religion civile»35 dĂ©veloppĂ© auparavant par Robert N. Bellah. Pour ce dernier en effet lâexpĂ©rience historique amĂ©ricaine est rĂ©interprĂ©tĂ©e y compris ses aspects les plus laĂŻcs, dans une dimension transcendantale et lâĂtat nouvellement indĂ©pendant se cĂ©lĂšbre au travers dâune vĂ©ritable religion de la Constitution, et dâun culte des pĂšres fondateurs, les Founding Fathers,36 Ă©levĂ©s au rang de saints laĂŻcs Bellah 1973. 37 Citons la libertĂ©, le Manifest Destiny, les Founding Fathers, la Constitution Ă©videmment, lâesprit ... 38 Câest le dĂ©but de lâAdresse de Lincoln Ă Gettysburg le 19 Novembre 1863 âA new nation, conceived ... 27Ces mythes fondateurs37 sont le ciment avec lequel le consensus national se bĂątit. Lâ AmĂ©ricanisme» prĂ©tend donner une place particuliĂšre Ă lâidĂ©ologie nationale, celle dâun exceptionnalisme amĂ©ricain, tel que le conçut tout dâabord Tocqueville, de cette nouvelle Nation, conçue dans la LibertĂ© et dĂ©vouĂ©e Ă lâidĂ©e que tous les hommes sont nĂ©s Ă©gaux.» 38 39 John Lewis, nĂ© en Alabama, le 21 fĂ©vrier 1940, lui aussi dans une famille de mĂ©tayer whooper au- ... 40 Mais câest encore dâune communautĂ© religieuse quâil sâagit, musulmane cette fois-ci. La religion se ... 28Dans les annĂ©es 1950 les Ă©glises noires du Sud ont constituĂ© la colonne vertĂ©brale du mouvement des droits civiques, qui sâest donc coulĂ© naturellement dans ce moule religieux. Ses premiers leaders ont appris leur rhĂ©torique au sĂ©minaire, quâils soient pasteurs, tel Martin Luther King, ou non, tel John Câest la radicalisation du mouvement Ă partir du milieu des annĂ©es 1960 qui fait surgir de nouvelles figures et de nouveaux thĂšmes, avec les mobilisations des Ă©tudiants du SNCC, le Student National Coordinating Committee et lâessor dâorganisations nationalistes noires, tels les Black 29Mais le support essentiel Ă la diffusion de ce modĂšle idĂ©ologique, câest la puissance de son Ă©conomie, fondement dâune culture de masse dĂ©veloppĂ©e bien avant ses Ă©quivalents europĂ©ens. La fabrique du consensus 41 Comme Jacqueline Dowd Hall le dĂ©montre dans You Must Remember This Autobiography as Social Criti ... 42 Emmett Till est cet adolescent de 14 ans assassinĂ© en 1955 Ă Money, Mississippi, pour avoir adressĂ© ... 43 Campagne lancĂ© par le SCLC contre la sĂ©grĂ©gation gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans cette ville dâAlabama. 44 En couvrant le mouvement pour les droits civiques, les mĂ©dias donnĂšrent Ă ses leaders et Ă sa bas ... 45 âImportant segments of the media failed to report adequately on the causes and consequences of civi ... 30Malcolm X devient une figure nationale par ses interventions radiophoniques et tĂ©lĂ©visĂ©es, Ă commencer en 1959 avec The Hate That Hate Produced Mike Wallace, Louis Lomax 1959. Ce rĂŽle prĂ©coce jouĂ© par les grands mĂ©dias est liĂ© au dĂ©veloppement prĂ©coce aux Ătats-Unis de la presse puis des mĂ©dias modernes. Leur rĂŽle a Ă©tĂ© notamment dĂ©crits par Edward Harman et Noam Chomsky qui parlent de fabrication du consensus » Chomsky et Herman 1988. Ces mĂ©dias relaient la diffusion dâune certaine vision de lâhistoire. Sa réécriture, ou plutĂŽt son Ă©criture par les mains de non-spĂ©cialistes, est le lieu de tous les accommodements avec les faits. Il nâest quâune cicatrice qui ne trouve pas de guĂ©rison, câest la barriĂšre de couleur. Le racisme sâexprime sans retenue dans le film Naissance dâune Nation Griffith 1915 tout comme les stĂ©rĂ©otypes raciaux se retrouvent dans Autant en emporte le vent Fleming, Cukor, et Wood 1940. Le film de Griffith permit au rĂ©cit nostalgique des confĂ©dĂ©rĂ©s, ce mythe de la Cause Perdue The Lost Cause, de passer de la mĂ©moire culturelle sudiste Ă la culture populaire de tout le Les Africains AmĂ©ricains sont ainsi exclus du rĂ©cit national en tant quâacteurs de leur propre histoire. Et lorsque finalement ils font irruption sur la scĂšne politique Ă travers leurs mobilisations, Ă partir du boycott de Montgomery, en 1955, les mĂ©dias nationaux donnent une vision partiale de leurs combats. Par la diffusion des images du cadavre dâEmmett Till,42 ou par celle des chiens policiers lancĂ©s contre les trĂšs jeunes manifestants Ă Birmingham en 1963,43 ils contribuent grandement Ă populariser le mouvement Blanchard 2013 374, et cela mĂȘme si les journaux du Sud sont eux souvent hostiles Ă la cause de la Cependant ils ne permettent pas de comprendre les raisons de la colĂšre comme le rapport Kerner souvent citĂ© le mentionne Des fractions importantes des mĂ©dias nâont pas su rendre compte dâune façon adĂ©quate des causes et des consĂ©quences des dĂ©sordres civils et des problĂšmes raciaux sous-jacents. Ils nâont pas communiquĂ© Ă la majoritĂ© de leurs auditeurs, qui sont Blancs, ce sentiment de dĂ©chĂ©ance, de misĂšre et de dĂ©sespoir liĂ© Ă la vie du ghetto. »45 46 Louis Hartz explique dans The Liberal Tradition in America Hartz 1955 lâabsence dâidĂ©ologie en Am ... 31Ce rĂŽle des mĂ©dias est essentiel dans le triomphe du consensus libĂ©ral, forgĂ© dans la pĂ©riode du maccarthysme et qui domine ensuite jusquâaux annĂ©es 1970 dans le contexte de la guerre froide. Ce consensus associe le libĂ©ralisme dans le domaine racial au libĂ©ralisme Ă©conomique, dans un double refus du communisme et du Câest sous son sceau que lâhistoire des mobilisations pour les droits civiques est dâabord Ă©crite, dans une version qui demeure compatible avec les idĂ©aux nationaux. Mais un autre facteur explicatif de cette historiographie consensuelle est Ă rechercher du cĂŽtĂ© mĂȘme des historiens qui lâont produite. Les historiens et leurs histoires 47 âBuilders and Heroes,â voir Verney 2006 3. 32Kevern Verney identifie diffĂ©rentes Ă©tapes historiographiques dont lâhĂ©ritage explique pour partie ce modĂšle du rĂ©cit dominant » Verney 2006. PassĂ©e la pĂ©riode de lâĂ©cole dite de la Reconstruction, pendant laquelle des historiens blancs Ă©crivent une histoire plus ou moins ouvertement raciste, la premiĂšre gĂ©nĂ©ration dâauteurs noirs se rassemblent derriĂšre Carter Woodson, qui fonde en 1916 le Journal for Negro History. Les objectifs de Woodson impliquent de magnifier les accomplissements des bĂątisseurs et des hĂ©ros »47 et Ă sa suite une histoire exemplaire cherche Ă redonner une place Ă quelques figures majeures. Les premiers Ă©crits sur les droits civiques sâinscrivent dans cette tradition hĂ©roĂŻque, que domine la personnalitĂ© de Martin Luther King, Jr. 33Dâautres auteurs sont fortement influencĂ©s par les idĂ©aux dĂ©mocratiques du New Deal, dont ils partagent la volontĂ© rĂ©formatrice optimiste. Ainsi August Meier est-il le fils de deux New Dealers » radicaux Verney 2006 8. Lâaccent est alors mis sur le rĂŽle de lâEtat fĂ©dĂ©ral plus que sur les mobilisations elles-mĂȘmes. 34Enfin dans une large mesure les historiens africains amĂ©ricains des annĂ©es 1970, qui bĂ©nĂ©ficient de la plus grande ouverture des universitĂ©s, sont eux-mĂȘmes les produits des premiers succĂšs du mouvement dont ils peuvent cĂ©lĂ©brer Ă titre personnel les accomplissements plus que les limites. 35Celles-ci seront plus visibles quelques annĂ©es aprĂšs, alors que lâoffensive conservatrice de Reagan semble remettre en cause ces acquis. AprĂšs 1980 les idĂ©aux du Black Power sâeffacent, et le conservatisme progresse, y compris parmi les Africains AmĂ©ricains. Ces nouvelles menaces ont sans doute conduit Ă repenser la pĂ©riode antĂ©rieure. Ainsi pour William Julius Wilson la question noire doit ĂȘtre repensĂ©e en terme de stratification sociale Wilson 1980. Son travail ouvre la voie Ă une nouvelle articulation entre race et classe, et Ă un renouvellement du regard sur les limites des accomplissements juridiques du mouvement, et prĂ©pare le renouveau historiographique des annĂ©es qui suivent. 36La longue domination de ce rĂ©cit consensuel rĂ©sulte dâune convergence de facteurs. A travers diffĂ©rents processus cette production dâun rĂ©cit parcellaire se met en marche la limitation du champ de la recherche Ă une pĂ©riode classique » et Ă quelques lieux emblĂ©matiques, mais aussi les omissions, et Ă lâinverse la panthĂ©onisation de quelques figures dont la pensĂ©e politique est dĂ©formĂ©e et simplifiĂ©e. 3. MĂ©caniques du consensus Les lieux de mĂ©moire du mouvement 48 From Protest to Politics The Future of the Civil Rights Movement». Commentary Magazine, 49 âThe term classicalâ appears especially apt for this phase of the civil rights movement.â 50 Ces rĂ©cits se trouvent le plus souvent repris par les amĂ©ricanistes français, comme par exemple Nic ... 37Cette histoire est souvent Ă©crite sur cette pĂ©riode de dix annĂ©es, de 1954 avec l'arrĂȘt Brown, mettant fin Ă la sĂ©grĂ©gation, Ă 1964-1965 avec la sĂ©rie de lois qui mettent fin Ă la lâexclusion du vote des Africains AmĂ©ricains, les diffĂ©rents Voting Rights Acts, qui accordent enfin le droit de vote aux Noirs â aprĂšs le 15Ăšme amendement de 1870, rĂ©servĂ© alors aux hommes noirs mais qui ne put jamais vraiment ĂȘtre appliquĂ© dans les anciens Ă©tats esclavagistes en raison de la rĂ©sistance farouche des Blancs du Sud. Ces diffĂ©rentes lois, les Civil Rights Acts de 1964 et Voting Right Act de 1965, sont prĂ©sentĂ©es bien souvent comme lâaboutissement du mouvement. Ainsi Bayard Rustin, un acteur essentiel dĂšs 1945 et un des organisateurs principaux de la Marche sur Washington en 1963, aux cĂŽtĂ©s de Martin Luther King, dĂ©finit dans lâarticle From Protest to Politics The Future of the Civil Rights Movement48 ce quâil nomme une phase classique de 1954 Ă 1965 le terme classique apparait particuliĂšrement adaptĂ© pour dĂ©finir cette phase du mouvement pour les droits civiques » 49 pendant laquelle les fondements lĂ©gaux du racisme ont Ă©tĂ© dĂ©truits. La pĂ©riodisation traditionnelle est ainsi dominĂ©e par la distinction entre cette premiĂšre phase classique, dominĂ©e par les mobilisations dans le Sud, et les diffĂ©rents dĂ©veloppements dâaprĂšs 1965, moins relatĂ©s, qui constituent la lĂ©gende noire faite dâĂ©meutes et de violences, de nationalisme et radicalisme, dont la quasi disparition au fil des annĂ©es 1970 prouverait la vacuitĂ©. Cette pĂ©riode du Black Power, dont les limites temporelles sont plus floues a dâabord Ă©tĂ© dĂ©laissĂ©e. DiffĂ©rents Ă©crits tĂ©moignent de cette vision il faut citer notamment la puissante biographie de King dans lâaction par Taylor Branch, en trois volumes Branch 2006; Branch 2007, ou le travail de David Garrow, Bearing the Cross Garrow 2004.50 51 âThese histories are as much the product of forgetting as of remembering. To understand the history ... 38Nous avons citĂ© les exemples les plus rĂ©cents, pour montrer la prĂ©gnance de ce modĂšle jusquâĂ nos jours. Les Ă©meutes des annĂ©es 1960, les mouvements nationalistes radicaux, tout comme les revendications panafricaines et la dimension internationale du Black Power sont longtemps restĂ©s les parents pauvres des recherches en histoire. Ils Ă©taient prĂ©sentĂ©s comme des dĂ©rives inutiles dans une voie nationaliste qui sâavĂšrera finalement une impasse. Lâhistoire Ă©crite suivait ainsi le fil unique du combat pour lâĂ©galitĂ© des droits. Un rĂ©cit tĂ©lĂ©ologique se mit en place qui proposait une lecture apaisĂ©e du passĂ©, avec comme point dâaboutissement la conquĂȘte des droits politiques. La construction du sens se fait Ă rebours, selon une chaine de significations qui sont plaquĂ©es Ă posteriori, associĂ©s Ă lâoubli, Ă la marginalisation de ce que nâentre pas dans le cadre du rĂ©cit dominant. DĂšs lors se pose la question de savoir ce que ce rĂ©cit masque les faits oubliĂ©s loin des grandes campagnes de Montgomery, Birmingham ou de Selma. Ainsi Thomas Sugrue Ă©crit-il Ă propos dâ histoires qui sont autant le produit de lâoubli que du souvenir. Pour comprendre lâhistoire des droits civiques il est essentiel de rĂ©introduire le Nord. »51 Une mĂ©moire sĂ©lective 39Ce rĂ©cit dominant oublie la grande masse de ses acteurs au profit de quelques figures, quelques dates et quelques villes. PlutĂŽt que dâoublis il sâagit dâomissions, par lesquelles sâĂ©crit une histoire plus consensuelle, plus acceptable dans le cadre de la dĂ©mocratie amĂ©ricaine. Un roman national oĂč Rosa Parks prendrait la place de notre Jeanne dâArc, en tant que mythe politique rĂ©conciliateur. Ce concept de roman national a Ă©tĂ© utilisĂ© par Pierre Nora en 1992 dans la conclusion des Lieux de mĂ©moire, pour dĂ©signer lâenseignement dâun rĂ©cit historique romancĂ© influencĂ© par la trame narrative des romans historiques qui repose sur la fabrication de causalitĂ©s plus ou moins mĂ©caniques qui donne de la cohĂ©rence et une certaine intrigue au flux Ă©vĂ©nementiel Nora 1992. La mĂ©canique dâun tel rĂ©cit, qui se parachĂšve par lâĂ©lection dâObama, est une simplification qui masque la complexitĂ© de la pĂ©riode et lâinachĂšvement de ces combats. 52 En reprenant le concept dĂ©veloppĂ© par deux historiens des sciences Ă propos dâun astronome français ... 40Certains Ă©vĂ©nements sont laissĂ©s de cĂŽtĂ©, hors du rĂ©cit principal. Tous ces autres combats, obscurcis par ce que le sociologue Barry Schwartz nomme lâ effet dâombre » shadow effect ont pourtant Ă©tĂ© indispensables ne serait-ce que pour lâobtention du droit de vote Schwartz 2009.52 Schwartz dĂ©crit dans un article Ă propos de Rosa Parks Schwartz 2009 comment au moins sept personnes contestĂšrent la sĂ©grĂ©gation dans les bus de Montgomery et de villes proches, avant que Rosa Parks ne soit remarquĂ©e pour avoir osĂ© refuser de sâassoir dans la partie rĂ©servĂ©e aux seuls Noirs dans un bus municipal. Mais aucun de ces cas nâeut dâĂ©cho. 41Ainsi le boycott des bus de Baton Rouge, en 1953, dont lâinitiateur fut le RĂ©vĂ©rend Theodore Jefferson Jemison, dĂ©cĂ©dĂ© en dĂ©cembre 2013, reste largement ignorĂ©. Pourtant il donna lieu Ă lâorganisation dâune milice pour lâautodĂ©fense, lâULD United Defense League. Cela pose une double question autour de lâĂ©vĂ©nement comment il advient, et comment il sâĂ©lĂšve au statut dâĂ©vĂ©nement. Ăric Fassin problĂ©matise ainsi la question de lâĂ©vĂ©nement comme une construction sociale Bensa et Fassin 2002. 53 âThrough the heart of Dixie, the way Sherman didâ. Lewis et DâOrso 1998 227 Le gĂ©nĂ©ral Sherman ... 42Si certains acteurs et certains Ă©vĂ©nements sont privilĂ©giĂ©s, ceux qui contredisent lâhistoriographie libĂ©rale sont minorĂ©s ou oubliĂ©s. Ă commencer simplement par la pĂ©riode qui suit les Voting Rights Acts de 1964 1965. Mais câest au sein mĂȘme du mouvement que les voix discordantes sont rĂ©duites au silence. Lâexemple du discours censurĂ© de John Lewis, dirigeant du SNCC, le Student National Coordinating Committee, en 1963, lors de la Marche sur Washington est Ă©clairant. Cette marche rassemblait un grand nombre dâorganisations noires venues faire pression sur le gouvernement pour le passage dâune loi fĂ©dĂ©rale antidiscriminatoire. Alors mĂȘme que le rassemblement bat son plein une rĂ©union dâurgence se dĂ©roule derriĂšre la statue de Lincoln avec John Lewis, William Randolph, Bayard Rustin, King et le rĂ©vĂ©rend Eugene Carson Blake. Ils obtiennent de Lewis quâil sâautocensure il retire de son discours une question critique qui ciblait John Kennedy De quel cĂŽtĂ© est le gouvernement fĂ©dĂ©ral ? » Mais aussi lâexpression trop tard et trop peu » pour qualifier les rĂ©ponses du gouvernement et une phrase qui menaçait le Sud de traverser le cĆur de Dixie, Ă la maniĂšre dont Sherman le fit » Lewis et DâOrso 1998 226,227.53 La marche de 1963 est aujourdâhui magnifiĂ©e comme une cĂ©lĂ©bration consensuelle et pacifique qui aboutit sans heurt Ă la victoire dĂ©mocratique. Cette image trompeuse masque lâĂąpretĂ© des tensions internes et des pressions gouvernementales. 54 Cette organisation de jeunesse, nĂ©e sous le parrainage des vieilles organisations traditionnelles, ... 43Les femmes sont les principales oubliĂ©es. Leur rĂŽle a pourtant Ă©tĂ© essentiel. Ainsi celui dâElla Baker, activiste depuis les annĂ©es 1930, au sein de la NAACP, puis de la SCLC, lâorganisation que King et Baker ont contribuĂ© Ă crĂ©er. Elle est surtout Ă lâorigine de la formation du SNCC54 Ă partir de 1960. Elle sâĂ©lĂšve contre le culte de la personnalitĂ© qui se construit autour de King et le peu de place laissĂ©e aux femmes. Ainsi aprĂšs le boycott de Montgomery ces femmes qui avaient prouvĂ© leur engagement, et qui avaient assez d'intelligence, et assez de contacts qui avaient Ă©tĂ© utiles et qui avaient trouvĂ© une place pour faire bouger les choses, ces femmes, on ne leur proposait rien, c'Ă©tait comme ça» Grant 1998. Manning Marable rappelle dans son introduction Ă un recueil de textes de Medgar Evers, de la NAACP, autre leader un peu laissĂ© dans lâombre, que si les personnalitĂ©s attiraient l'essentiel de l'attention des mĂ©dias et des analystes [âŠ] au niveau local, dans des centaines de quartiers, d'Ă©glises, d'Ă©coles et de centres communautaires, un autre type de leader prĂ©dominait » Evers-Williams et Marable 2006. Nous pouvons citer aussi Jo Ann Robinson, qui imprime tracts en une nuit pour prĂ©parer le boycott de Montgomery. Elle est une de celles que Manning Marrable a appelĂ© les leaders de l'ombre servants-leaders. Un modĂšle d'engagement civique qui cherche Ă inspirer le changement Ă travers l'exemple du sacrifice personnel » Evers-Williams et Marable 2006. Des hĂ©ros momifiĂ©s 44Le roman national amĂ©ricain a intĂ©grĂ© quelques hĂ©ros africains amĂ©ricains, pour mieux en oublier dâautres considĂ©rĂ©s trop radicaux ou non conformes aux idĂ©aux amĂ©ricains unAmerican, tout comme la troisiĂšme RĂ©publique française a façonnĂ© une histoire faite de hĂ©ros Ă©difiants et de silences troublants. Wineburg et Monte-Sanon ont rĂ©alisĂ© une enquĂȘte sur le panthĂ©on des AmĂ©ricains cĂ©lĂšbres en 2004 auprĂšs de 2000 lycĂ©ens des Ătats-Unis Martin Luther King arrive en tĂȘte, avec 67% des rĂ©ponses et Rosa Parks est seconde avec 60%. Et si on distingue le choix des Africains AmĂ©ricains, alors on obtient 82% pour King Wineburg et Monte-Sano 2008. La vision du mouvement qui aujourdâhui domine encore, sinon lâhistoriographie, du moins lâhistoire enseignĂ©e est celle dâun combat courageux dans lequel ces quelques figures tenaces entrainent la population dans la mobilisation. Cette quĂȘte hĂ©roĂŻque est accomplie par quelques hommes, plus rarement des femmes, de grand courage qui insufflent leur dĂ©termination Ă la masse des gens ordinaires et anonymes qui se dressent pour leurs droits Martin Luther King ou Rosa Parks en sont donc des archĂ©types. Mais ces figures hĂ©roĂŻques sont-elles mĂȘme victimes dâune reprĂ©sentation affadie, de portraits acceptables au sein du consensus libĂ©ral. 45La vision de King est ainsi simplifiĂ©e et expurgĂ©e dans les manuels scolaires on ne trouve rien sur ses prises de position contre la guerre du Vietnam, ni sur son orientation plus marquĂ©e aprĂšs 1966 vers la condition des plus pauvres, et pas uniquement des Noirs. Il lance en 1967-1968 la Campagne contre la pauvretĂ© Poor Peopleâs Campaign pour sâattaquer Ă la discrimination dans le Nord. Il estime dâailleurs que celle-ci est bien plus difficile Ă abattre que la sĂ©grĂ©gation institutionnelle de Jim Crow au Sud. En regardant en arriĂšre vers l'annĂ©e 1966, je la vois comme une annĂ©e de commencements et de transitions. Pour ceux d'entre nous qui vinrent de GĂ©orgie, du Mississippi, de l'Alabama vers Chicago, ce fut une annĂ©e vitale d'Ă©ducation. Nous fĂ»mes confrontĂ©s aux dures rĂ©alitĂ©s d'un systĂšme social bien plus difficile Ă changer que le Sud rural citĂ© dans Carson 2001. 46Par ailleurs il ne cherche plus simplement lâunitĂ© du groupe minoritaire, parmi lequel de nouveaux adversaires se dressent contre ses efforts J'ai commencĂ© Ă penser que je me trouvais au centre de deux forces opposĂ©es dans la communautĂ© noire. L'une est la passivitĂ© des Noirs qui du fait d'annĂ©es d'oppression sont tellement privĂ©s du respect d'eux-mĂȘmes qu'ils se sont adaptĂ©s Ă la sĂ©grĂ©gation. Et d'une partie de quelques bourgeois noirs qui Ă cause d'un diplĂŽme et de la sĂ©curitĂ© Ă©conomique, et parce qu'ils profitent d'une certaine maniĂšre de la sĂ©grĂ©gation, sont devenus insensibles aux problĂšmes des masses. L'autre force est l'amertume et la haine, qui nous conduisent dangereusement Ă la violence. Elle s'exprime dans les divers groupes nationalistes qui se dĂ©veloppent un peu partout citĂ© dans Carson 2001. 55 La NAACP, National Association for the Advancement of Colored People naĂźt en 1909 sous les auspices ... 47Lorsqu'en 1955 Rosa Parks refuse de cĂ©der sa place dans le bus, elle est dĂ©jĂ une militante trĂšs active de la L'association songeait Ă s'appuyer sur un tel acte pour dĂ©poser plainte contre la sociĂ©tĂ© des bus et ce depuis plusieurs mois. Au printemps 1955 ses militants pensaient bien l'avoir trouvĂ© avec une adolescente nommĂ©e Claudette Colvin. Cette jeune femme refuse de cĂ©der sa place et est traĂźnĂ©e hors du bus par la police. Finalement il s'avĂšre qu'elle est enceinte, et non mariĂ©e au moment des faits. La NAACP dĂ©cide de ne pas s'engager sur ce dossier, qui aurait prĂȘtĂ© le flanc Ă la presse conservatrice et aurait affaibli la dĂ©monstration. Le rĂ©cit de la scĂšne du bus, lors de laquelle Rosa Parks refuse de se dĂ©placer, est devenu un mythe fondateur du boycott et mouvement pour les droits civiques. Mais ce geste est extrait de son contexte, hors de toute sa prĂ©paration militante. En 1955, alors que Rosa Parks refuse de cĂ©der son siĂšge l'acte n'est pas calculĂ©, mais il advient aprĂšs l'essai avec Claudette Colvin. Le hasard la met dans la situation de porter elle-mĂȘme la cause de la dĂ©sagrĂ©gation des bus, alors quâelle Ă©tait une des principales militantes de la NAACP dans cette ville et prĂ©parait cette action et le dossier en justice. 56 âPeople always say that I didn't give up my seat because I was tired, but that isn't true. I was no ... Les gens disent toujours que j'ai refusĂ© de cĂ©der mon siĂšge parce que j'Ă©tais fatiguĂ©e, mais c'est faux. Je n'Ă©tais pas fatiguĂ©e physiquement, ou pas plus que dâhabitude Ă la fin du travail. Je n'Ă©tais pas vieille, mĂȘme si certains ont une image d'une vieille femme. J'avais quarante-deux ans. Non ce dont j'Ă©tais fatiguĂ©e, c'Ă©tait de cĂ©der » Parks et Haskins 1992.56 57 Les Musulmans Noirs, Black Muslims, sont organisĂ©s dans la Nation de lâIslam. Cette organisation po ... 58 âI had a lot of admiration for him, considering his background and where he came from and his havin ... 59 âParksâ memorialization promotes an improbable children's story of social changeâone not-angry woma ... 48Cette prĂ©sentation dâune vieille femme simplement extĂ©nuĂ©e est lâexact contraire du personnage tenace et volontaire. Elle nâest pas non plus cette partisane aveugle de la non-violence, quâelle ne voit que comme une tactique. Durant les annĂ©es 1960 elle se dĂ©clare de plus en plus en accord avec Malcolm X Je l'admirais beaucoup, Ă cause de son origine sociale, d'oĂč il venait et du combat qu'il avait dĂ» mener pour parvenir Ă ĂȘtre respecter en tant que leader des Musulmans Globalement j'Ă©tais d'accord avec lui » Parks et Haskins 1992.58 Jacqueline Dowd Hall dĂ©crit ainsi la caricature du rĂ©cit qui domine autour du boycott de Montgomerry La mĂ©morialisation de Parks promeut une histoire trĂšs enfantine et trĂšs improbable du changement social une femme mĂȘme pas en colĂšre sâassit, le pays fut galvanisĂ© et le racisme vaincu dans sa structure mĂȘme » Hall 2005.59 49Rosa Parks devint cette hĂ©roĂŻne que Schwartz nomme, Ă tel point son nom rĂ©sume ces Ă©vĂ©nements, Ă©ponyme du mouvement des droits civiques. Mais lâimage qui en est donnĂ©e nâest pas fidĂšle Ă ses combats, qui se poursuivirent bien au-delĂ Montgomery, Ă Detroit, et le plus souvent en opposition Ă bien des choix de King J. Theoharis 2012. Cette vision iconique, reproduite rĂ©cemment par exemple en timbre-poste J. Theoharis 2013a, est plus conforme Ă lâimage que la nation prĂ©fĂšre recevoir. 60 âThe great temptation for the biographer of an iconic figure is to portray him or her as a virtual ... 61 âObama has been thoroughly decoupled from the social movements that laid the basis for his election ... 50Les figures mythiques de Rosa Parks et Martin Luther King, Jr. se sont aujourdâhui intĂ©grĂ©es Ă une mĂ©moire collective consensuelle, prĂ©cisĂ©ment parce que ce sont des images dĂ©formĂ©es, qui renvoient Ă des stĂ©rĂ©otypes. Lâhistoriographie la plus contemporaine sâemploie Ă dĂ©construire ces clichĂ©s, tel Manning Marable qui dĂ©crit lâicĂŽnisation de Malcolm X la grande tentation pour le biographe dâune figure iconique est de le ou la portraiturer comme un saint virtuel » Marable 2011 13.60 Le sort rĂ©servĂ© Ă la figure dâObama, en tant que symbole, est symptomatique, puisquâil sâest Ă©levĂ© dans le mĂȘme panthĂ©on africain amĂ©ricain, alors que son passĂ© est celui dâun politicien dĂ©mocrate, et pas dâun leader noir. Robin Kelley sâinsurge contre cette vision de lâhistoire vĂ©hiculĂ©e par les medias Obama a Ă©tĂ© totalement dissociĂ© des mouvements sociaux qui ont posĂ© les fondations ayant permis son Ă©lection. Il a Ă©tĂ© mĂ©tamorphosĂ© en une sorte de sauveur venu sur la scĂšne internationale libre de toute entrave identitaire et transcendant la race, une force transformatrice sur les Ă©paules de laquelle repose le futur de la Nation et de monde libre repose » Kelley 2011.61 Conclusion 51Ainsi un rĂ©seau de concepts en relation lie la mĂ©moire et les oublis, ces blancs de mĂ©moire qui ne sont pas anodins. Ils participent Ă la construction dâun roman national par la marginalisation de rĂ©cits minoritaires. Et Ă la fabrication dâun consensus par-delĂ une mĂ©moire clivĂ©e et traumatique. Au service de ce consensus sont forgĂ©s des mythes, des hĂ©ros, qui laissent dans lâombre des figures qui sont-elles marginalisĂ©es. Ce passĂ© traumatique est ainsi au cĆur de cette obsession nationale dâunitĂ©, et tant sous sa forme historique que sous sa forme mĂ©morielle il la met en danger. La mĂ©moire en efface les aspects violents et dĂ©placĂ©s. 52Mais il ne suffit pas dâeffacer, il faut aussi réécrire, et combler ces trous de mĂ©moire, pour produire une histoire non traumatique, une histoire qui parachĂšve le rĂȘve du melting-pot dont les Africains AmĂ©ricains furent pourtant longtemps exclus. La nation ainsi rĂ©conciliĂ©e peut alors cĂ©lĂ©brer ses avancĂ©es continuelles vers la dĂ©mocratie, et vers une identitĂ© multiculturelle. 53Quelques acteurs, sont Ă©levĂ©s au rang de hĂ©ros nationaux, dont la haute stature permet de mieux dissimuler les dissensions et les tensions, celles du passĂ©, mais aussi celles du prĂ©sent. 62 Ce terme a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© notamment par des sociologues tels lâamĂ©ricain dâorigine tchĂšque Karl Wolf ... 54Le rĂ©cit dominant master narrative participe donc Ă une nationalisation consensuelle, Ă lâencontre notamment du nationalisme noir. En ce sens lâintĂ©gration des Noirs serait lâultime composante dâune construction de la nation, dâun nation building62 par lequel tous les Noirs amĂ©ricains sont devenus des citoyens amĂ©ricains Ă part entiĂšre. Il sâagit dâune intĂ©gration dans la nation au niveau lĂ©gislatif, mais aussi dâune intĂ©gration dans une communautĂ© rĂȘvĂ©e, dans la culture majoritaire. Mais la rĂ©alitĂ© sociale et raciale ne cesse dâĂ©branler cet Ă©chafaudage pour faire ressurgir les fantĂŽmes dâune histoire Ă©crite par le bas » qui redonne leur place aux femmes, et aux plus radicaux. Le travail de Benedict Anderson a comme espace lâEurope, terrain privilĂ©giĂ© du nationalisme dĂšs la fin du XVIIIĂšme siĂšcle. Mais les processus dâeffacement des mĂ©moires traumatiques sont pleinement Ă lâĆuvre aux Ătats-Unis, dans un contexte spĂ©cifique et avec des modalitĂ©s spĂ©cifiques. Pourtant depuis plus de trente ans des historiens donnent une autre vision de ce rĂ©cit, moins consensuelle et destinĂ©e Ă ĂȘtre utile pour faire face aux problĂšmes du prĂ©sent. Mais cette historiographie ne parvient pas Ă trouver son chemin vers le grand public, soumis Ă des rĂ©cits Ă©dulcorĂ©s Ă©difiants dans les fictions ou les travaux de vulgarisation, et aussi dans les mĂ©dias ou encore lors des campagnes politique. 55Thomas Sugrue dans son ouvrage publiĂ© en 2010, Not Even Past, reprend lâexpression dâObama Ă Philadelphie, dans ce discours traduit en français sous le titre De la Race en AmĂ©rique Obama 2008 . Obama lâempruntait lui Ă William Faulkner qui dans Requiem for a Nun lâexprime ainsi Le passĂ© ne meurt jamais. Il nâest mĂȘme pas passĂ© » Faulkner 1951 153. Ce passĂ© qui ne passe pas fait hĂ©siter lâAmĂ©rique entre une cĂ©lĂ©bration consensuelle, par exemple celle des cinquante ans de la premiĂšre sĂ©rie de lois sur les droits civiques, en 1964, et Ă lâinverse le refoulement pur et simple de la fĂȘlure raciale. Ainsi lâidĂ©al du melting-pot rĂ©actualisĂ© prend la forme contemporaine du multiculturalisme, mais il dĂ©nie encore et toujours aux voix discordantes une place dans le grand rĂ©cit national. Top of page Bibliography Anderson, Benedict. 2006. Imagined Communities Reflections on the Origin and Spread of Nationalism New Edition. Londres Verso. Bacharan, Nicole. 2010. Les noirs amĂ©ricains Des champs de coton Ă la Maison Blanche. Paris Librairie AcadĂ©mique Perrin. Bellah, Robert N. 1967. Civil Religion in America ». Daedalus 96 1 1-21. doi âââ. 1973. La Religion civile en AmĂ©rique Civil Religion in America ». Archives des sciences sociales des religions 35 1 7-22. doi âââ. 1992. 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Top of page Notes 1 âOne is astonished in the study of history at the recurrence of the idea that evil must be forgotten, distorted, skimmed over. We must not remember that Daniel Webster got drunk but only that he was a splendid constitutional lawyer. We must forget that George Washington was a slave owner . . . and simply remember the things we regard as creditable and inspiring. The difficulty, of course, with this philosophy is that history loses its value as an incentive and example; it paints perfect men and noble nations, but it does not tell the truthâ Du Bois Black Reconstruction, 1935. 2 La politique de discrimination positive a Ă©tĂ© mise en place Ă partir des annĂ©es 1960 aussi bien Ă travers la politique de lâemploi que dans les universitĂ©s. Il ne sâagit pas dâune politique de quota, mais de choix prĂ©fĂ©rentiels. Cette expression est utilisĂ©e la premiĂšre fois dans lâExecutive Order 10925 signĂ© par J. F. Kennedy le 6 mars ordonne aux entreprises qui sont en contrat avec lâEtat fĂ©dĂ©ral de prendre des mesures dâ affirmative action » pour sâassurer dâune Ă©galitĂ© de traitement indĂ©pendamment de la foi, de la race, de la couleur ou de lâorigine nationale » voir le texte intĂ©gral Puis vient en 1965 lâexecutive order de Lyndon B. Johnson, du 28 septembre, qui impose Ă toutes les sociĂ©tĂ©s contractantes avec lâEtat fĂ©dĂ©ral non seulement de mettre fin aux politiques discriminatoires mais aussi dâaugmenter la part des minoritĂ©s dans leurs effectifs. Cette politique se met peu Ă peu en place ; le premier grand programme fĂ©dĂ©ral est sous Nixon en 1970, le Revised Philadelphia Plan, qui impose lâembauche Ă Philadelphie de salariĂ©s africains amĂ©ricains. 3 Selon les partisans dâune interprĂ©tation color-blind de la Constitution, la meilleure maniĂšre dâen finir avec les prĂ©jugĂ©s raciaux serait de cesser toute discrimination positive qui entretiendrait lâinĂ©galitĂ© plus quâelle ne la supprimerait. La droite nĂ©o-conservatrice a Ă©tĂ© porteuse de ces attaques contre lâaffirmative action, mais elle nâest pas la seule. Dâautres prĂ©tendent que lâĂ©lection dâObama aurait Ă©tĂ© la consĂ©cration dâune sociĂ©tĂ© post-black, qui garantirait Ă chacun lâĂ©galitĂ© de traitement. 4 Jim Crow dĂ©signait des arrĂȘtĂ©s discriminatoires votĂ©s dans les Etats du Sud aprĂšs la guerre de SĂ©cession et la pĂ©riode de la Reconstruction, donc aprĂšs 1875, et par extension cette expression a fini par dĂ©signer tout le systĂšme de discrimination raciale. 5 âNo history of Jim Crow, no history of anger, no history of slavery. All the bad stuff in our history ainât there with this guy.â Le journaliste citĂ© est Chris Matthews 1/21/07 sur NBC citĂ© par Janine Jackson, mars 2009 . 6 Soit lâexact contraire de ce quâont tentĂ© par exemple les procĂšs sud-africains de la commission VĂ©ritĂ© et RĂ©conciliation et dâautres encore. Voir par exemple Bucaille, LĂŠtitia 2012. 7 Lâouvrage Ă©ponyme dâHobsbawm et Ranger a popularisĂ© ce concept qui souligne la maniĂšre dont des innovations culturelles sont parfois prĂ©sentĂ©es comme des hĂ©ritages afin de leur confĂ©rer la lĂ©gitimitĂ© du passĂ©. 8 Les termes utilisĂ©s pour dĂ©signer les Noirs amĂ©ricains nâont cessĂ© dâĂ©voluer. Dâabord African dans les premiers temps des colonies anglaises, ils sont nommĂ©s Negro Ă partir du XVIIĂšme siĂšcle, un vocable empruntĂ© Ă lâespagnol, puis parfois colored people Ă partir du XIXĂšme siĂšcle. Au XXĂšme siĂšcle le nationalisme fait surgir Afro-American, alors que les annĂ©es 1960 prĂ©fĂšrent le mot black, issu du Black Power, ou African-American. Celui-ci sâĂ©crit ensuite African American, la disparition du tiret signifiant le refus dâĂȘtre une simple nouvelle catĂ©gorie de Hyphenated-American et donc la double appartenance, plutĂŽt que le simple sous-groupe amĂ©ricain. La recherche française prĂ©fĂšre le plus souvent utiliser les termes communautĂ© afro amĂ©ricaine » et lâexpression African American. Quant au terme ouvertement raciste de nigger il est encore malheureusement utilisĂ© par certains. 9 Et ce dĂšs la fondation des Etats Unis. La section deux de lâarticle premier de la constitution de 1787 comptait les esclaves pour la quotitĂ© de trois cinquiĂšme dans le total de la population de chaque Ătat. Cela afin dâaccorder plus de poids politiques aux Ătats du Sud, dont provenait une grande part des Ă©lites qui avaient menĂ© la guerre dâindĂ©pendance. LâĂ©mancipation nâa pas modifiĂ© cette situation complĂštement puisque lâexclusion de la citoyennetĂ© a perdurĂ© jusquâau mouvement des droits civiques. 10 Il sâagit Ă©videmment de lâassassinat du jeune Africain AmĂ©ricain, Michael Brown, le 9 aout 2014, par un policier et des protestations qui en ont suivi. En novembre 2014 lâacquittement du policier a donnĂ© lieu Ă une nouvelle vague de protestations dans tout le pays. Voir notamment lâarticle de Didier Fassin 2015 du 10/12/14. ; consultĂ© le 20/12/14. 11 Un consensus libĂ©ral dĂ©fini comme une chape de plomb politique qui fait taire les voix contestataires. Et qui affirme sa confiance dans le systĂšme capitaliste, la foi dans les rĂ©formes, et le refus de tout conflit de classe, pour mettre lâaccent sur lâunitĂ© nationale nĂ©cessaire au combat contre le communisme mondial. 12 Le systĂšme amĂ©ricain de la libre-entreprise est diffĂ©rent de lâancien capitalisme. Il est dĂ©mocratique. Il crĂ©e lâabondance. Il a un potentiel rĂ©volutionnaire en faveur de la justice sociale » Hodgson 1976 76. âThe American free-enterprise system is different from the old capitalism. It is democratic. It creates abundance. It has a revolutionary potential for social justice.â 13 Qui Ă©crira lâouvrage de rĂ©fĂ©rence sur le CORE Meier et Rudwick 1975. 14 Il assiste dans les annĂ©es 1960 aux meetings du SNCC et du CORE, il se dĂ©finit alors comme un participant-observer » voir Eagles 2000. 15 Le Student National Coordinating Committee, SNCC, Ă savoir une organisation dâĂ©tudiants noirs créée en 1960. 16 Dont il se fera licencier pour son soutien ouvert au SNCC. En 1957 ses Ă©tudiantes obtiennent la dĂ©sĂ©grĂ©gation de la Carnegie Library, trois ans avant les sit-ins de Greensboro elles ont appliquĂ© avec succĂšs les mĂȘmes mĂ©thodes. Howard Zinn raconte comment ces Ă©tudiantes rĂ©clamaient dans cette bibliothĂšque rĂ©servĂ©e aux Blancs des ouvrages tels An Essay Concerning Human Understanding de John Locke, ou On Liberty de John Stuart Mill, et Common Sense de Tom Paine Howard Zinn, Reflections of a White Professor at Spelman College in the 1950s », The Journal of Blacks in Higher Education, no 7, 1 Avril 1995, pp. 97-99 et Zinn 2010. 17 Il faut citer lâengagement de trĂšs nombreux historiens blancs en faveur de la dĂ©sĂ©grĂ©gation. Ainsi lorsque Martin Luther King lance son appel Ă une marche de Selma Ă Montgomery, Walter Johnson de lâuniversitĂ© de Chicago appelle ses collĂšgues historiens Ă participer Ă cette mobilisation, et selon lui plus de quarante rĂ©pondent Ă son appel Richard Hofstadter, C. Vann Woodward, John Hope Franklin, John Higham, Kenneth M. Stampp, Robert Dallek, William E. Leuchtenburg, Lawrence W. Levine, Louis R. Harlan, Samuel P. Hays et dâautres encore Charles W. Eagles, Toward New Histories of the Civil Rights Era. ». 18 Carter G. Woodson publie en 1933 The Mis-Education of the Negro, qui dĂ©nonce lâisolement des intellectuels noirs, coupĂ©s de leur communautĂ© republication Carter G. Woodson, The Mis-Education of the Negro, Book Tree, 2006. 19 Il faut mentionner par exemple une nouvelle approche de lâhistoire de lâesclavage, reprĂ©sentĂ©e par une courant historiographique souvent nommĂ© de la communautĂ© des esclaves.» Eugene Genovese publie en 1976 Roll, Jordan, Roll The World the Slaves Made qui dĂ©crit une culture autonome des esclaves republication Eugene D. Genovese, Roll, Jordan, Roll The World the Slaves Made, Knopf Doubleday Publishing Group, 2011. 20 We demand a program of "Black Studies," a program that will be of and for black people. We demand to be educated realistically and that no form of education which attempts to lie to us, or otherwise mis-educate us will be accepted interview des activists de lâAASU, Daily Californian, March 4, 1969 citĂ© dans Ula Taylor, Origins of African American Studies at UC-Berkeley. », Western Journal of Black Studies, 2010, vol. 34, no 2, pp. 256-265. 21 Rappelons que Rosa Parks, militante de la NAACP, est Ă lâorigine du boycott des bus sĂ©grĂ©guĂ©s de Montgomery lorsquâelle refusa, le 4 dĂ©cembre 1955, de retourner Ă l'arriĂšre d'un bus. 22 Il sâagit dâun article en ligne âAnybody who was involved in the Southern movement at that time knew with absolute certainty The FBI could not be counted on and it was not the friend of the civil rights movementâ Zinn 2006. Peniel Joseph dĂ©clare dans le mĂȘme sens que âle film a inventĂ© dâune façon obscĂšne un scenario oĂč les vilains sont les sauveurs et oĂč les vĂ©ritables hĂ©ros sont devenus des victimes » âthe film obscenely invented a scenario that cast villains as saviors and portrayed genuine heroes as helpless victimsâ, voir consultĂ© le 12/12/2014. 23 Cette organisation radicale, qui voulait associer nationalisme noir et communisme, fut fondĂ©e Ă Oakland, Californie, en 1966 par Huey Newton et Bobby Seale. Elle prĂŽnait lâauto-dĂ©fense et organisa des dĂ©filĂ©s armĂ©s et une surveillance de la police qui stupĂ©fiĂšrent lâAmĂ©rique. 24 âPanthers are portrayed more as a group of sloganeering radicalsâŠâ, voir 25 Bowdler publia en 1818 une version expurgĂ©e de lâĆuvre de Shakespeare, the Family Shakespeare, quâil jugeait plus convenable pour les lectrices et les jeunes que le texte original. 26 âFirst, this new scholarship reperiodizes the Civil Rights-Black Power era by pushing the chronology of black radicalism back to the 1950âs and forward into the 1970âsâ Joseph 2006 8. 27 Le terme libĂ©ral » dĂ©signe au sens amĂ©ricain un libĂ©ralisme politique qui prend son sens moderne sous le New Deal avec Roosevelt et associe la dĂ©fense des libertĂ©s individuelles avec une volontĂ© de progrĂšs social partagĂ©. Il sâexprime avec clartĂ© dans le discours sur lâĂtat de lâUnion de 1941, souvent citĂ© comme le discours des quatre libertĂ©s dâexpression, de religion, de vivre Ă lâabri du besoin et de la peur. The first is the freedom of speech and expressionâeverywhere in the world. The second is the freedom of every person to worship God in his own wayâeverywhere in the world. The third is freedom from wantâwhich, translated into world terms, means economic understandings which will secure to every nation a healthy peacetime life for its inhabitantsâeverywhere in the world. The fourth is freedom from fear. » 28 Bayard Rustin 1917-1987 fut lâun des principaux stratĂšges de lâorganisation SCLC, Southern Christian Leadership Conference, dont King Ă©tait le porte-parole. Rustin, militant pacifiste radical, influença le mouvement par ses Ă©crits sur la non-violence. 29 In ways I can only suggest here, northern and southern activists influenced one another. The topicâstill mostly unexploredâis worth its own bookâ dans Sugrue 2009, XVIII. 30 Voir notamment cet article sur la Bottom-up approach » approche du bas vers le haut » ConsultĂ© le 12/01/2015. 31 The very different, sanitized narrative that has come to dominate textbooks, the popular culture, and too many accounts by historians » Crosby 2011 2. 32 Elle est nĂ©e dâune premiĂšre guerre civile, la RĂ©volution amĂ©ricaine, qui vit sâaffronter loyalistes et rĂ©volutionnaires, puis le conflit entre les fĂ©dĂ©ralistes et les anti-fĂ©dĂ©ralistes. DĂšs 1786-1787 la nouvelle RĂ©publique affronte la rĂ©bellion de Shay qui est dâabord une rĂ©volte sociale. Elle fut causĂ©e par la dĂ©pression Ă©conomique qui suivit la guerre dâIndĂ©pendance et par les refus de crĂ©dits aux petits fermiers de la part des commerçants des villes du Nord-est, qui mettaient ainsi la main sur les terres des cultivateurs ruinĂ©s. Daniel Shay prit la tĂȘte dâune milice anti-fiscale. La Guerre civile est un autre creuset national, et sa mĂ©moire traumatique et la rĂ©intĂ©gration du Sud dans la Nation ont Ă©tĂ© largement Ă©tudiĂ©s. La guerre de SĂ©cession reste le lieu majeur des guerres de mĂ©moire et lâutilisation de la mystique du vieux Sud est encore et toujours un instrument politique majeur. 33 Ces conflits nâont rien de spĂ©cifiquement amĂ©ricain, les chouans comme les mineurs grĂ©vistes anglais des annĂ©es 1983 ont trouvĂ© une place dans les rĂ©cits nationaux rĂ©ciproques. 34 Pour autant ce poids du religieux va de pair avec une laĂŻcitĂ© que Denis Lacorne dĂ©crit comme antĂ©rieure et plus radicale que la laĂŻcitĂ© Ă la française », reprĂ©sentĂ©e notamment par la lettre du 1er janvier 1802 de Jefferson Ă une association baptiste consultĂ© le 15/01/15. 35 Par religion civile je me rĂ©fĂšre Ă la dimension religieuse, trouvĂ©e dans la vie quotidienne de chacun, Ă travers laquelle est interprĂ©tĂ© lâexpĂ©rience historique Ă la lumiĂšre de la rĂ©alitĂ© transcendantale. » âBy civil religion I refer to that religious dimension, found I think in the life of every people, through which it interprets its historical experience in the light of transcendent realityâ [in Bellah 1992]. 36 Qui rĂ©unit deux groupes dâacteurs prééminents ceux qui signĂšrent la DĂ©claration dâindĂ©pendance de 1776 et ceux qui Ă©laborĂšrent la Constitution. 37 Citons la libertĂ©, le Manifest Destiny, les Founding Fathers, la Constitution Ă©videmment, lâesprit d'entreprise et ses self-made men, la FrontiĂšre, le rĂȘve amĂ©ricain, les communautĂ©s la race et l'ethnie, le melting-pot et les rebelles gĂ©nĂ©reux Ă la James Dean, tous dĂ©taillĂ©s dans Combesque et Warde 1996. 38 Câest le dĂ©but de lâAdresse de Lincoln Ă Gettysburg le 19 Novembre 1863 âA new nation, conceived in Liberty, and dedicated to the proposition that all men are created equal.â Voir 39 John Lewis, nĂ© en Alabama, le 21 fĂ©vrier 1940, lui aussi dans une famille de mĂ©tayer whooper au-delĂ de toute comparaison » [câest Ă dire avec cette art oratoire et ces cris caractĂ©ristiques des pasteurs noirs des Ă©tats du Sud] in Lewis John and DâOrso Michael, Walking With the Wind. New York Simon & Schuster, 1998. Lewis prĂȘche le gospel Ă la façon de Martin Luther King, le social gospel, dans la lignĂ©e de Walter Rauschenbusch, le pasteur allemand qui dĂ©veloppa cette tradition Ă New York au dĂ©but du vingtiĂšme siĂšcle. 40 Mais câest encore dâune communautĂ© religieuse quâil sâagit, musulmane cette fois-ci. La religion sert ainsi de vĂ©hicule au discours national, comme aux discours nationalistes des Africains AmĂ©ricains. 41 Comme Jacqueline Dowd Hall le dĂ©montre dans You Must Remember This Autobiography as Social Critique » , The Journal of American History, vol. 85, no 2, 1 Septembre 1998, pp. 449. 42 Emmett Till est cet adolescent de 14 ans assassinĂ© en 1955 Ă Money, Mississippi, pour avoir adressĂ© la parole Ă une femme blanche. Les photos de son cadavre dĂ©figurĂ©, dans le cercueil que sa mĂšre avait voulu maintenir ouvert, bouleversĂšrent le pays. 43 Campagne lancĂ© par le SCLC contre la sĂ©grĂ©gation gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans cette ville dâAlabama. 44 En couvrant le mouvement pour les droits civiques, les mĂ©dias donnĂšrent Ă ses leaders et Ă sa base une lĂ©gitimitĂ© au sein de la communautĂ© noire mais aussi parmi les Blancs. » âBy publicizing the civil rights movement, the media gave its leaders and its rank and file legitimacy within the black community as well among whites,â [dans Blanchard 2013]. 45 âImportant segments of the media failed to report adequately on the causes and consequences of civil disorders and on the underlying problems of race relations. They have not communicated to the majority of their audience-which is whiteâa sense of the degradation, misery and hopelessness of life in the ghetto,â dans âCommission et Wickerâ 1968. 46 Louis Hartz explique dans The Liberal Tradition in America Hartz 1955 lâabsence dâidĂ©ologie en AmĂ©rique Ă la fois par lâinexistence de structures fĂ©odales prĂ©existantes, et par lâĂ©tendue du territoire et la variĂ©tĂ© des ressources naturelles, qui selon lui ont favorisĂ© cet esprit consensuel en apaisant les conflits sociaux. 47 âBuilders and Heroes,â voir Verney 2006 3. 48 From Protest to Politics The Future of the Civil Rights Movement». Commentary Magazine, consultĂ© le 3 fĂ©vrier 2013. 49 âThe term classicalâ appears especially apt for this phase of the civil rights movement.â 50 Ces rĂ©cits se trouvent le plus souvent repris par les amĂ©ricanistes français, comme par exemple Nicole Bacharan, auteur des Noirs amĂ©ricains des champs de coton Ă la Maison Blanche Bacharan 2010. 51 âThese histories are as much the product of forgetting as of remembering. To understand the history of civil rights it is essential to bring the North back in,â dans Sugrue 2009 xiv. 52 En reprenant le concept dĂ©veloppĂ© par deux historiens des sciences Ă propos dâun astronome français Felix Tisserand dont le nom fut oubliĂ© au profit de Pierre-Simon Laplace. Voir William McLaughlin et Sylvia Miller, The Shadow Effect and the Case of FĂ©lix Tisserand » , American Scientist, 2004, vol. 92, no 3, p. 262. 53 âThrough the heart of Dixie, the way Sherman didâ. Lewis et DâOrso 1998 227 Le gĂ©nĂ©ral Sherman conduisit une offensive meurtriĂšre lors de la guerre de SĂ©cession, Ă travers la GĂ©orgie et la Caroline du Sud, durant laquelle les troupes fĂ©dĂ©rales pratiquaient la politique de la terre brulĂ©e. 54 Cette organisation de jeunesse, nĂ©e sous le parrainage des vieilles organisations traditionnelles, dont la NAACP, va rapidement se radicaliser et se porter Ă la tĂȘte de lâaction Ă lâĂ©chelle locale. 55 La NAACP, National Association for the Advancement of Colored People naĂźt en 1909 sous les auspices notamment de Du Bois. 56 âPeople always say that I didn't give up my seat because I was tired, but that isn't true. I was not tired physically, or no more tired than I usually was at the end of a working day.... No, the only tired I was, was tired of giving inâ Rosa Parks. 57 Les Musulmans Noirs, Black Muslims, sont organisĂ©s dans la Nation de lâIslam. Cette organisation politique et religieuse radicale associe le refus du christianisme au nationalisme africain-amĂ©ricain. 58 âI had a lot of admiration for him, considering his background and where he came from and his having had to struggle so hard just to reach the point of being respected as a leader of the Black Muslims. He was a very brilliant man. Even when he was with the Black Muslims, I didnât disagree with him altogether.â 59 âParksâ memorialization promotes an improbable children's story of social changeâone not-angry woman sat down, the country was galvanized and structural racism was vanquished.â 60 âThe great temptation for the biographer of an iconic figure is to portray him or her as a virtual saint.â 61 âObama has been thoroughly decoupled from the social movements that laid the basis for his election. He has been turned into a kind of saviour who descended onto the world stage, transcendent of race and other fetters of identity, a transformational force upon whose shoulders the future of the nation and the free world rests.â 62 Ce terme a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© notamment par des sociologues tels lâamĂ©ricain dâorigine tchĂšque Karl Wolfgang Deutsch Deutsch et Foltz 1963 et des historiens tel Eric Hobsbawm Hobsbawm, Eric et Terence Ranger, eds. The Invention of Tradition. Cambridge Cambridge University Press, 1983. et Benedict Anderson Anderson, Benedict, Imagined Communities Reflections on the Origin and Spread of Nationalism New Edition, Londres Verso, 2006.Top of page References Electronic reference Olivier Maheo, Histoire et mĂ©moire du mouvement des droits civiques, terrain privilĂ©giĂ© du fratricide rassurant », Textes et contextes [Online], 9 2014, Online since 05 December 2017, connection on 17 August 2022. URL of page About the author Olivier Maheo Doctorant, CREW EA 4399, UniversitĂ© Paris 3 Sorbonne Nouvelle, UFR du Monde Anglophone, 5, rue de lâĂcole de MĂ©decine, 75006 Paris By this author Published in Textes et contextes, 15-2 2020 Top of page
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